Homélie du dimanche de la Résurrection du Seigneur, 1er avril 2018
Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
Alors il y a quelque chose comme 2000 ans, pas tout-à-fait, nous avons eu une surprise immense ! Il y a deux jours, nous étions au 36e dessous ; le Christ, celui qu’on pensait être le sauveur, Il est mort comme un bandit ! “Maudit soit celui qui pend sur le bois de la croix”. C’était ce que disait la Bible. Du coup, tous les fidèles de Jésus se disent : “bah non. On s’est trompé ! C’était pas lui”. Et puis la journée du samedi passe.
I- La foi nait de la vision, de la rencontre
Et puis le dimanche matin… Ce dimanche matin, aux petites heures. Voilà Marie, Marie-Madeleine, Marie de Magdala, qui s’en va au tombeau. Et là, elle découvre un tombeau ouvert, un tombeau vide. Il manque le corps ! Elle court. Elle est la première qui s’en va vers les disciples pour leur dire : “il y a quelque chose qui va pas”. Et peut-être, on ne sait pas, peut-être que dans son cœur, si elle ne croit pas encore, il y a le début d’un possible espoir ! Peut-être que ce n’est pas tout-à-fait fini… Et puis, Pierre et le disciple Jean, – le disciple que Jésus aimait, c’est habituellement Jean -, arrivent au tombeau. Pierre voit tout. Il constate que le tombeau est vide. Et Jean voit la même chose que Pierre, et là, -nous dit l’évangéliste -, “il voit et il croit !” Un tombeau vide, et il croit. Et il croit quoi ? Eh bien que ce que Jésus avait dit se réalise. “Je devrai mourir et Je ressusciterai”. Il l’a dit au moins trois fois. Mais pour beaucoup, cela ne suffit pas.
Pour beaucoup, il faut passer à l’étape suivante. Et l’étape suivante, ce sera une rencontre. Ce sont les évangiles que nous entendrons toute cette semaine. N’hésitez pas à regarder sur aelf.org, l’évangile du jour. On fait le tour de toutes les apparitions de Jésus. Pour beaucoup d’entre nous, il nous faut une rencontre. Et d’ailleurs, cette rencontre, elle est toujours un peu surprenante parce que, – c’est vrai pour Marie-Madeleine et ce sera vrai pour tout le monde… ce sera vrai pour les disciples d’Emmaüs-, on voit Jésus et on ne le reconnaît pas. Il faut que notre cœur soit ouvert pour pouvoir reconnaître Jésus. Pour pouvoir croire que vraiment, cet Homme est plus qu’un homme ; pour vraiment croire que cet homme a vaincu la mort. Et Il l’a vaincu parce qu’Il est Dieu. Et s’Il est mort, et s’Il est ressuscité, et s’Il est vivant, ce n’est pas simplement une réanimation comme d’autres l’ont connu d’ailleurs, comme Lazare ou le fils de la veuve de Naïm, où quelques temps plus tard, il leur faudra re-mourir…
II- Jésus présent
Non. Jésus, Il est ressuscité, et c’est un changement complet. On change de qualité, de vie… Au point que nous disons et nous croyons qu’aujourd’hui, Il est présent parmi nous. Il est présent parce que nous sommes là, rassemblés, un peu plus que deux ou trois en son nom. Il est présent parce que c’est sa Parole que nous entendons dans l’Écriture. Il est présent d’une manière tout-à-fait ultime lorsque nous allons célébrer la messe et que la parole du prêtre va descendre sur ce pain : “ceci est mon corps”. Et c’est une parole vraie puisque c’est la parole de Jésus.
Et puis, Il va être présent d’une manière toute spéciale. Dans le cœur, dans le corps, dans les personnes… de ces enfants que nous allons baptiser. Vous ! Nous allons vous baptiser et le Christ va s’installer dans votre cœur. Vous allez devenir une image de Jésus. (au quatre enfants qui s’apprêtent à recevoir le baptême) Vous voulez bien ? (Ils répondent) Oui… Vous voulez devenir une image de Jésus ? Oui… Parfois on regarde des photos, ou bien des statues… et on se dit : “ça, c’est Jésus”. Mais on sait bien que ce n’est qu’une représentation de Jésus. Ce n’est pas vraiment Jésus là ! Mais dans votre cœur, après votre baptême, Jésus sera vraiment présent. Et on va vous appeler d’ailleurs, on va dire que vous devenez chrétiens. Chrétiens. C’est le même mot que Christ. Et chacun de nous, par le baptême, nous devenons des Christ. Des chrétiens.
III- La course de la Bonne Nouvelle
Cet évènement, il y a à peu près 2000 ans, il a donné naissance à une course. Le cardinal Barbarin aime bien parler de la « course de la Parole de Dieu ». Mais c’est cela. Marie-Madeleine arrive au tombeau, elle le trouve vide et elle court prévenir Pierre et l’autre disciple. Pierre et l’autre disciple, ils courent au tombeau ! Et lorsqu’ils reviendront, ils reviendront en courant pour prévenir leurs amis, les autres disciples, les apôtres. Et puis, les disciples d’Emmaüs ! Ils vont tout tristes partant de Jérusalem, pensant que tout est fini. Là, sur le chemin, ils rencontrent Jésus et ils courent pour prévenir que oui, ils ont rencontré le Seigneur. On n’arrête pas de courir à la fin de l’Évangile. Et on n’a pas arrêté de courir. Parce que nous avons une bonne nouvelle, une grande nouvelle à vous annoncer. Et quand je dis vous, je pense à tous ceux qui sont dehors et qui ne savent pas. Nous avons une Nouvelle à annoncer au monde entier : c’est que le Christ est ressuscité ! Et Il attend que nous l’annoncions.
IV- Aimer jusqu’à l’extrême, et donc, vivre
Et ça, c’est une bonne nouvelle. Le Christ est ressuscité. Autrement dit, la mort n’a pas le dernier mot. Même si on jette un regard sur notre monde, on se dit : “ouh la !” Mais pensons bien, réfléchissons, rappelons-nous que l’essentiel dans notre vie, et c’est saint Paul qui nous le disait dans cette lecture : « si vous êtes ressuscité avec le Christ, si vous êtes ressuscité avec le Christ, recherchez les réalités d’en-haut ». Et la réalité d’en-haut, c’est que la vie, ce n’est pas une question de respiration et de nourriture. Ce n’est pas une question de se déplacer et de manger. Être vivant, c’est être en relation, et c’est aimer. C’est cela la réalité d’en-haut.
Alors si aujourd’hui, nous choisissons d’aimer à la manière de Dieu, – et cette semaine nous avons eu un témoignage, que c’est possible -. Je pense au colonel Arnaud Beltrame. C’est possible. Alors, tout seul, on n’y arrivera pas ; parce que c’est trop dur. Mais si nous nous connectons au Christ, si nous acceptons de vivre avec Lui, alors oui, Il nous remplit de son amour et alors nous devenons capables du plus beau. Du plus grand. Et nous devenons capables de donner notre vie. Et quand nous donnons notre vie, à la manière du Christ, pas d’inquiétude ! Parce que, à la manière du Christ, nous ressusciterons. Et nous nous retrouverons. Et tous ensemble, nous pourrons chanter la Gloire de Dieu, parce que c’est pour cela que nous sommes faits.
Alors aujourd’hui, – et je conclue avec cela -, aujourd’hui, c’est le premier dimanche de l’année. Le Christ est mort, dans ce peuple juif. Le jour de fête, c’était le sabbat, le samedi. Et voilà que ces juifs, qui croient au Christ, se sont dits : “non. La fête, on peut plus la faire le samedi. Il faut la faire le dimanche”. Et quand on connaît la fidélité des Juifs à la religion, on se rend compte à quel point cela a dû être une décision difficile à prendre. Ça a vraiment changé toute leur vie. Et donc, ils ont décidé de fêter ce premier dimanche, le jour de Pâques. Et puis dimanche prochain. Et dimanche prochain. Et encore dimanche prochain… Chaque dimanche, nous fêtons la mort et la résurrection du Christ. Nous annonçons la victoire du Seigneur sur la mort. Nous espérons de Lui et nous attendons de Lui qu’Il nous comble de Son Amour pour que nous puissions vivre, à Sa manière.