Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
I – Un signe paradoxal
Est-ce que vous vous rappelez du signe de la présence du Christ pendant la nuit de Pâques ? C’est bizarre de commencer comme ça, hein ? Ce signe de la présence du Christ lors de la nuit de Pâques, c’est le cierge pascal avec cette toute petite flamme tremblotante. Si on souffle un peu dessus, elle s’éteint. Voilà ! Ça, c’est un signe de Dieu. Et aujourd’hui, un signe nous est donné : “voici le signe qui vous est donné”, disent les anges aux bergers. Ce signe, “un enfant nous est né, un Fils nous a été donné”. Ce signe, annoncé depuis les temps immémoriaux par les prophètes. Ce signe annoncé à David : “un rejeton sortira de ta descendance”. Ce signe qui avait même déjà été annoncé à Eve. “le serpent te meurtrira le talon et ta descendance lui écrasera la tête”.
Donc ce signe attendu depuis longtemps. Un signe qu’on pourrait attendre splendide puisque c’est un sauveur qu’on attend, un messie, un roi. Un signe nous est donné… et c’est un petit bébé dans une crèche, emmailloté dans une mangeoire. Alors comme signe, eh bien c’est un petit peu paradoxal, car c’est pas vraiment un signe de puissance. Et pourtant, on l’a prié pendant tout l’Avent : “révèle Ta puissance, viens nous sauver !” Il y a un chant qui fait ça… “Révèle Ta puissance !” Et Dieu révèle sa puissance dans un petit bébé. Et vous avez vu, un petit bébé de deux-trois jours, ou un peu moins ou un peu plus, ça fait pas tout-à-fait d’abord penser à la puissance de Dieu !
IIa – Signe de l’amour de Dieu
La réponse de Dieu est toujours surprenante et Il nous donne ce signe pour quoi ? Qu’est-ce qu’Il veut nous dire par ce signe ? Alors d’abord, c’est un Fils. Fils de Dieu. Fils d’une Vierge. Un fils ! Ça veut dire que Dieu est Père, qu’Il a un fils et donc que Dieu n’est pas tout seul. Que Dieu, ce n’est pas la solitude éternelle de ces espaces infinis qui n’aurait aucune relation avec nous. Non. Dieu, c’est une relation d’Amour. Père qui aime un Fils. Fils qui aime un Père. Père et Fils qui se regardent avec Amour et qui se donnent l’un à l’autre l’Esprit Saint. Ils se donnent tout entier l’un à l’autre. Un cercle, un tourbillon d’Amour. Voilà ! Dieu nous est révélé par ce petit signe. Comme tout Amour.
Et puis, Il se révèle à nous comme un Dieu qui se fait tout proche. Tout proche de nous. Quand on pense à Dieu, on pourrait craindre d’entrer en relation avec Lui. Non. Il est trop grand, Il est trop loin, Il est trop puissant. Comment craindre d’entrer en relation avec un petit enfant. Ben on a tous fait cette expérience… Prenez un enfant dans une poussette, vous le faîtes passer au milieu de gens et tout le monde vous fait : “Oooh !” On veut rentrer en relation avec un enfant. Il se fait proche de nous. Il veut entrer en relation avec nous.
Et c’est étonnant, parce que la relation qu’Il veut avec nous, ben, on aurait pu penser que ce soit Lui qui donne ! Or un petit enfant, sa caractéristique première, c’est qu’il est d’abord et avant tout et essentiellement dépendant. Un petit enfant, ça ne fait rien pour les autres. Ça ne fait qu’attendre de l’autre. Des parents d’abord. Et peut-être même plus spécifiquement de la maman. À manger. Des bras dans lesquels il pourra s’endormir. Car un bébé, en dehors de manger, dormir et pleurer… y a pas beaucoup d’autres choses, hein. Il est même pas capable d’aimer. Il ne peut que se laisser aimer. C’est un signe, un signe que Dieu veut nous donner. Ce petit enfant, -peut-être d’ailleurs, Jésus nous le dira pus tard-, il nous faut être semblable à Lui. Peut-être comme Lui. Simplement se laisser aimer.
IIb – Signe de la proximité de Dieu
Alors un signe nous est donné. Un signe qui nous dit “Dieu est proche”. Nous sommes frères et sœurs de Dieu. C’est quand même un truc de dingue ! Et nous sommes invités à vivre à la manière de Dieu. C’est ce que nous disait saint Paul dans la deuxième lecture : « la grâce de Dieu s’est manifestée dans ce petit enfant pour le Salut de tous les Hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété, aux convoitises de ce monde, à vivre dans le temps présent, de manière raisonnable, avec justice et piété… ». À être dans une relation ajustée avec notre Dieu. À vivre à la manière de Dieu, en aimant. En mettant l’Amour à la première place. Et cet Amour que d’abord, – d’abord ! -, on reçoit.
III – Cause de la paix
Alors ce signe, il s’accomplit. Il s’accomplira d’autant plus que nous voulons le mettre en place dans nos vies. Et alors là, il faut se mettre à la suite des anges. Les anges, ils le crient : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la Terre aux Hommes qui sont aimés de Dieu ». Et nous savons bien que tous, chacun, nous sommes aimés de Dieu. Chacun de nous est aimé… Gloire à Dieu… Acte que nous pouvons faire. C’est quoi rendre gloire à Dieu. C’est d’abord Lui dire merci. Il nous fait un cadeau. Ce cadeau, c’est Lui-même qui se donne. Alors disons Lui merci. Rendons gloire à Dieu. Décentrons–nous un peu de notre moi. Levons les yeux ! Levons les yeux vers Lui. Et alors si nous tournons les yeux vers Lui, la paix vient. Comme un cadeau. Finalement, si nous voulons vraiment la paix dans notre monde, et vous savez bien qu’il en a bien besoin, si nous voulons vraiment la paix dans notre monde, il faut que nous la voulions dans notre cœur. Et pour avoir la paix dans notre cœur, il faut être dans des relations ajustées. D’abord et avant tout avec Dieu. Avec nos frères, ceux qui sont là, près de nous. Et avec nous-mêmes. Alors oui, la paix nous est donnée. Il est prince de la paix ! C’est ce petit enfant. Il est prince de la paix, conseiller merveilleux, Dieu fort… un règne de paix peut s’établir si nous le laissons s’installer en nous.
Alors aujourd’hui, Noël. C’est un signe. Signe qui nous est donné, signe d’un Dieu qui nous aime. Signe d’un Dieu qui nous est proche. Signe d’un Dieu qui nous sauve. Et nous serons sauvés si nous l’accueillons. Signes d’un Dieu qui veut nous faire cadeau de sa paix.
Alors et je conclus avec ça et c’est peut-être, une proposition. Si nous voulons que Dieu fasse grandir sa paix en nous, autour de nous, dans notre monde, il nous faut Lui donner un peu plus de place dans nos vies. Alors, voyez, d’ici dimanche prochain, lundi prochain, er janvier, c’est la journée mondiale de la paix, parce que c’est huit jours après Noël, parce que c’est la fête de Marie, Mère de Dieu et c’est une journée mondiale de prière pour la paix. Si nous voulons vraiment la paix, il nous faut accueillir un peu plus Dieu dans nos vies, et pour ça, ce que je vous propose, c’est d’accueillir Sa Parole. Et peut-être qu’on pourrait reprendre un évangile, plus précisément celui de saint Luc, c’est celui dont on vient de lire un petit passage. Et on peut… oh, même pas le lire en entier, on va juste lire les trois premiers chapitres. Voilà. Une semaine pour lire trois chapitres de l’Évangile. On pourra même peut-être les relire. Et là, on pose un acte concret qui est de dire à Dieu : “Seigneur, je veux que tu prennes un petit peu de place dans ma vie”. Et alors, sans aucun doute, la paix prendra aussi un petit peu plus de place dans ma vie. Accueillons-le. Accueillons le cadeau qu’Il veut nous donner.