Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
Cette nuit, nous fêtions la Nativité du Seigneur, pendant cette messe de la nuit, et on pourrait se rappeler, si on devait donner un thème à cette messe, c’est un peu : “venez, adorons-le”. Cette messe de la nuit, c’est : “approchez-vous ! Approchez-vous du Seigneur qui vient”. Qui vient sous la forme du petit enfant, qui vient sous cette forme qui n’est pas puissante, qui n’est pas impressionnante, sous cette forme humble… En fait, qu’on ne peut pas faire autrement que d’aimer ! “Venez !” Ça, c’était cette nuit. Et puis, à la messe de l’Aurore, que l’on ne célèbre pas à la paroisse, c’est la messe du lever du jour, ce sont les bergers qui repartent d’avoir adoré et qui se disent : “waouh ! Ce qu’on a vu, c’était quand même étonnant !” Et ils repartaient en louant et en glorifiant Dieu pour tout ce qu’ils avaient vu et entendu. Mais ils sont encore entre eux, ils se réjouissent les uns avec les autres de ce dont ils ont été les témoins.
I – Allez témoigner
Et puis il y a la messe du jour. C’est celle que nous vivons maintenant. Cette messe du jour, où là, le thème, c’est un peu plus : “Allez ! Allez témoigner de ce que vous avez vu. Allez le dire à tous”. « Comme ils sont beaux sur la montagne les pas du messager, celui qui annonce la paix », c’est de vous dont on parle. C’est de nous. Allons annoncer la paix. Cette paix qui nous est donnée en Jésus. Nous l’avons vue, nous en faisons l’expérience chaque jour. Nous le rencontrons et sans cesse, Il frappe à la porte de notre cœur. Alors, ce trésor que nous avons reçu, ne le gardons pas juste pour nous. Mais donnons-le. Transmettons-le.
Et on a cette parole de ce tout début de l’évangile selon saint Jean : « Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était… ». Là, il est écrit Jean. Mais en fait, il faut mettre votre nom à la place. Chacun. Il y eut un homme, envoyé par Dieu, -ou une femme évidemment -, son nom était… « Il est venu comme témoin pour rendre témoignage à la Lumière ». Et chacun de nous, nous pouvons dire : “non ! Je ne suis pas la Lumière”. Bah, je le sais bien. Mais je viens rendre témoignage à la Lumière. Cette Lumière qui est celle de Dieu. Dieu qui se fait Homme ; Dieu qui entre dans mon histoire ; Dieu qui, -c’est étonnant si on y pense d’un point de vue philosophique, si on y pense simplement avec la raison humaine -, Dieu, c’est forcément quelqu’un qui est infini, beaucoup, beaucoup, beaucoup plus haut que moi. Quelqu’un avec qui j’ai du mal à entrer en relation finalement, parce qu’Il est tellement loin. Et il y a une sorte de crainte qui grandit en moi lorsque je pense à Dieu.
Et là, ce même Dieu, avec qui je pourrais avoir peur d’entrer en relation, Il vient se donner à moi comme un petit enfant. Il veut me montrer qu’il n’y a rien à craindre à l’aimer.
Alors oui, je veux en témoigner, comme Jean. Je veux rendre témoignage à cette Lumière.
II – Le Verbe, sens de toutes choses
Une autre pensée me vient lorsqu’on lit cet évangile. Cet évangile : « au commencement », évidemment, il nous renvoie immédiatement au livre de la Genèse. Le livre de la Genèse, tout au début de la Bible : « au commencement, l’Esprit de Dieu planait sur les eaux ». Et là : « au commencement était le Verbe ». L’esprit, le souffle de Dieu, et là le Verbe, la Parole de Dieu. Et même plus que Parole, c’est que dans une phrase, ce qui organise une phrase, ce qui donne sens à la phrase, c’est son verbe. À quelques très rares exceptions près, pas de phrases sans verbe. C’est le verbe qui fait que la phrase trouve son sens. Et dans toute l’action de Dieu, dans tout ce qui existe sur la Terre, dans tout ce qui nous entoure, nous avons besoin, qui est comme un langage, nous avons besoin pour le comprendre, d’y mettre un verbe, d’y mettre une parole. En grec, le mot c’est ‘logos’. Et le ‘logos’, c’est pas seulement la parole, c’est pas seulement le verbe, c’est aussi la raison, c’est aussi le sens. C’est aussi ce qui est le pivot de toute compréhension, le pivot de toute chose, ce autour de quoi tout tourne. Donc le verbe, c’est plutôt un bon mot !
« Au commencement était le Verbe ». Alors oui, je veux d’une part reconnaître que dans ma vie, le Christ est le pivot. C’est Lui qui donne sens à toutes choses. Toutes choses. Même celles qui sont désagréables, même la souffrance, même le mal trouvent sens grâce à Lui. Et je veux en témoigner. Je veux rendre témoignage à cette Lumière, qui fait que les épreuves ne sont pas moins dures, les épreuves ne sont pas rendues plus faciles, mais elles trouvent un sens. Et ce sens, vous le savez bien, c’est celui de l’Amour. Cet Amour que nous sommes invités à recevoir, cet Amour que nous sommes invités à donner.