Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
Alors les lectures qui nous sont données aujourd’hui, en fait, elles sont un petit peu difficiles et pour garder son attention tout au long de la lecture, bah… c’est un combat quand même hein… Alors, on pourrait se dire que ces lectures, elles sont tout à fait bien résumées dans la première prière de la messe ; cette prière d’ouverture qu’on appelle aussi collecte.
Et cette prière, c’était : « Seigneur, tout-puissant et miséricordieux, ne laisse pas le souci de nos tâches présentes nous empêcher d’aller à la rencontre de ton Fils… Seigneur, ne laisse pas le souci de nos tâches présentes nous empêcher d’aller à la rencontre de ton Fils ».
C’est ça en fait le meilleur résumé qu’on puisse avoir des lectures qu’on a entendues.
I – Tout est en voie de dissolution
Pourquoi ? On a chez saint Pierre, par exemple, – c’est la deuxième lecture -, il nous a dit « tout cela – et il parle de toute la création, de tout ce que l’on connaît -, tout cela est en voie de dissolution ».
(À un bébé qui pleure dans l’assistance) Il y en a un qui s’exprime… (aux parents) C’est pas grave ! Vaut mieux qu’il pleure. Voilà… Et qu’il soit là !
Tout cela, toute la création est en voie de dissolution. Et c’est très intéressant pour ceux qui ont fait un peu de physique ou de biologie. Vous connaissez le principe de l’entropie. L’entropie, c’est le fait que naturellement, toute chose va vers la dissolution, va mourir, va pourrir, va se déliter… naturellement, c’est cela. L’entropie, c’est le fait que la nature, dans l’ensemble, va toujours vers plus de simplicité. C’est ce qu’on connaît. Et pour aller à l’inverse de l’entropie, pour connaître une évolution positive, pour connaître une croissance, un progrès, il faut quelque chose de plus. Et ce quelque chose de plus, les scientifiques disent : “bah… Il faut qu’il y ait quelque chose de plus” mais ils ne peuvent pas dire quoi. Et nous, nous le savons : il faut la Parole de Dieu ! Et à partir du magma primordial, du tohu-bohu du départ, du chaos du commencement, Dieu dit : « que la Lumière soit ». Et c’est parce que la Parole de Dieu est venue qu’il y a un progrès. Une évolution positive.
Donc tout est en voie de dissolution. Tout va à sa perte, tout va disparaître, mais la Parole de Dieu, elle, donne sens à toute chose et donne un espoir, une espérance, quelque chose d’ordonné, d’organisé, donne une vie quoi !
II – Choisir d’accueillir l’essentiel
Et c’est cela que nous fêtons en ce moment. C’est le temps de l’Avent, nous sommes en violet, nous sommes en préparation. Nous attendons la venue du Seigneur. Alors nous attendons Noël, nous le savons bien. Mais Noël, c’est déjà passé. Jésus est né il y a plus de 2 000 ans. Et nous attendons non seulement Jésus qui est déjà venu, mais nous L’attendons car Il viendra dans la gloire. C’est encore ce que disait saint Pierre. Nous l’attendons. Nous attendons sa venue et ce sera un jour de joie. Ce sera la fin du monde. Ça nous impressionne toujours. Mais finalement c’est le jour où il n’y aura plus que la Parole de Dieu et tout sera ordonné, organisé et nous serons simplement dans l’Amour. Et le Seigneur vient, Il vient aujourd’hui. Il frappe à notre porte. Il frappe à la porte de mon cœur. Alors qu’est-ce que je fais ! C’est moi qui choisis. Est-ce que je lui ouvre la porte ou non ? Et ce que nous disait saint Pierre tout à l’heure, c’était que si je choisis de ne pas lui ouvrir ma porte, si je choisis de le laisser dehors, – et j’en suis capable ! -, eh bien, le monde et moi-même, je vais continuer dans le sens naturel, vers la dissolution. Et si je choisis de L’accueillir, alors j’entre dans sa vie.
« Dans un ciel nouveau, une terre nouvelle où résidera la justice ». C’est cela, hein… la venue du Seigneur, c’est la paix, c’est la justice. C’est la joie. C’est l’Amour. Alors tout est en voie de dissolution, oui !, ça c’est dans l’ordre naturel. Mais le Christ vient donner un sens et vient nous donner la capacité d’être pleinement ce pour quoi nous sommes faits.
Alors oui, nous pouvons reprendre cette prière d’ouverture : “ne laisse pas le souci des tâches présentes nous empêcher d’avancer vers le Christ”.
Et je pense à vous tout particulièrement qui vous préparez au mariage, mais c’est vrai pour chacun de nous. Des soucis des tâches présentes ? Vous êtes en train de préparer un mariage ! Donc c’est une grande fête. Il y a pleins de soucis possibles et imaginables. Et ce serait dommage de passer à côté du plus essentiel. Et le plus essentiel, c’est l’amour que vous avez et que vous vous donnerez l’un pour l’autre. Et c’est l’Amour que vous êtes invités à recevoir du Christ. De Dieu Lui-même. Alors il ne faut pas se laisser noyer dans les préparatifs, de savoir ce quelle sera la couleur du faire-part ou la beauté de la robe… ça compte… Mais pas tant que ça ! Le plus essentiel, c’est une question d’amour, nous le savons bien. Alors il nous faut choisir, décider ; parce que si on se laisse faire, on sera embarqué dans les soucis matériels. C’est vrai aussi pour Noël qu’on est en train de préparer. Est-ce qu’on pense vraiment à préparer notre cœur, ou est-ce qu’on pense plutôt à la table qu’il va falloir organiser pour la famille qui va venir ? Ce n’est pas inutile de penser à la table… hein ? Mais choisissons la meilleure place ! Rappelez-vous Marthe et Marie.
III – Appel à la conversion : faire le tri
Alors, il faut nous convertir pour cela. Il nous faut accepter de changer de point de vue. Nous retourner. Et c’était l’appel de Jean-Baptiste, de l’évangile. Il est la voix qui crie dans le désert, et qui nous dit : « préparez les sentiers du Seigneur ». Et là encore, où est-ce que le Seigneur veut faire son chemin ? Où est-ce que le Seigneur veut habiter ? Dans notre cœur. Il n’a que faire des maisons de pierre, ce qu’Il veut, c’est habiter dans notre cœur. Il n’a que faire des sacrifices d’animaux, ce qu’Il veut, c’est que nous Lui offrions nos vies. Et si nous Lui offrons, c’est parce que nous savons qu’Il veut notre joie et notre bonheur. Nous avons pleine confiance en Lui. “Il est notre Dieu. Nous sommes son peuple”. C’est les termes de l’Alliance. Il se présente comme notre Père ; nous sommes ses enfants. Il se présente comme notre époux ; nous sommes son épouse. Alors, il nous faut accepter de l’avoir dans notre vie. Il faut le décider.
Et je vais reprendre pour conclure, une autre prière de la messe d’aujourd’hui. Celle qu’on dira tout à l’heure, après la Communion. Nous demandons à Dieu : « apprends-nous le vrai sens des choses de ce monde et l’amour des biens éternels ». Les choses de ce monde ont un sens parce que le Christ, parce que Dieu, lui donne un sens. Et ce sens c’est : toute chose sur la terre est ordonné, orienté à nous permettre d’aimer.
Quelque chose qui dans ma vie ne sert pas à aimer, il faut que je m’en débarrasse.
Quelque chose dans ma vie qui me permet d’aimer, alors là, au contraire, je le choie, j’en prends soin.
Et l’amour des biens éternels, c’est tout simplement Celui qui est l’origine de cet Amour, Dieu lui-même… Finalement, toute chose sur la terre est destinée à m’aider à profiter, à vivre pleinement du Bien éternel, qui est Dieu lui-même.
Alors, on a deux semaines encore, deux semaines et un jour avant Noël. C’est l’occasion, pendant ces deux semaines, de faire petite retraite, de se retirer dans notre forteresse intérieure. Chaque jour, peut-être, prendre 5 minutes, 10 minutes, se poser devant le Seigneur et Lui dire “Seigneur : je suis pauvre, je suis faible, et pourtant tu m’aimes. Aide-moi ! Aide-moi à choisir. Aide-moi à discerner. Aide-moi à comprendre ce qui dans ma vie aide à aimer et le distinguer de ce qui ne m’aide pas à aimer”. Et puis on peut aller plus loin dans notre prière. On peut lui demander : “Seigneur, aide-moi à faire le tri et à sortir de ma vie ce qui m’empêche d’aller vers Toi, ce qui m’empêche d’aimer vraiment, et au contraire, à faire entrer dans ma vie tout ce qui fait grandir l’Amour”.