Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
I – Fais-nous revenir à toi
Lorsque le prophète Isaïe s’exprime, cela fait maintenant déjà quelques décennies que le peuple se sent abandonné. Il est en exil et, il a l’impression d ‘être perdu.
Alors il se tourne vers Dieu, ce peuple, et il crie :
“Seigneur, Seigneur, fais-nous revenir.
Ne nous laisse pas errer à travers ses chemins qui sont des chemins de mort. Fais-nous revenir !” Ce cri, nous pourrions le reprendre nous-mêmes, d’abord pour nous-mêmes… moi, sans cesse, je me perds. Et puis aussi pour notre société et notre monde, qui visiblement a perdu le sens, a perdu la tête, et ne sais plus, et ne sais pas où se trouve le vrai bonheur. Alors il le cherche dans toute sorte de succédanés qui sont en réalité des idoles et de la fumée, du vent !
Alors nous crions vers lui : “Seigneur, fais-nous revenir à toi !” Et nous savons que le Seigneur répond. Il répond à notre appel. Oui, Il nous fait revenir. Et comment fait-il ? Il vient à notre rencontre. Il vient à notre rencontre. Il se donne à nous : dans Sa Parole, et plus matériellement encore, cette parole s’incarne. Elle se donne en Jésus, à Noël. Mais si nous crions : “fais-nous revenir”, et que cette Parole se donne, sommes-nous pour autant prêts à l’accueillir ? À lui laisser une place dans notre vie ? Alors on pourrait se dire : “oui, oui. Il y a des moments où vraiment je veux Dieu dans ma vie”. Et alors, dans ces moments de grâce, où ma volonté correspond à la volonté de Dieu, où je peux dire vraiment à Dieu : “que Ta volonté soit faite”, je me sens en paix et à ma place. Alors le Seigneur vient dans sa Parole, dans les sacrements, dans les frères que nous rencontrons. Voilà. Il vient de toutes sortes de manières ; il nous faut ouvrir les yeux. Et alors nous le reconnaîtrons.
II -Le Seigneur vient
Le Seigneur vient et nous avons ce désir de l’accueillir. Et pourtant : il y a un risque. Un risque. On peut avoir ce désir, mais qu’il ne se transforme jamais. Une sorte d’essai du rugby qu’on ne transformerait pas. On n’arrive pas au bout. Oui, on veut bien qu’Il vienne, mais pas tout de suite. Plus tard ! Et c’est pour cela que le Christ nous appelle à rester éveillés. En fait, quand notre volonté correspond à la volonté de Dieu, quand finalement la liberté de Dieu qui veut venir à ma rencontre, – son Amour ! -, rejoint ma liberté qui elle aussi veut aller à sa rencontre, – un amour -, quand ces deux amours se rencontrent, alors je suis à ma place et je suis en train de faire ce pour quoi je suis fait. Et il y a une forme de plénitude. Mais nous sommes souvent un peu velléitaires, et nous avons du mal à garder les yeux fixés sur l’horizon, à fixér les yeux sur cette lumière qu’est le Christ. Alors le Christ nous dit : “ces moments-là, de plénitude, lorsque vous voulez choisir la vie, eh bien, conservez-les précieusement et veillez”. Faîtes mémoire de ces moments-là. Régulièrement. Souvent. Pour pouvoir vous dire : “oui, ce jour-là, je voulais te rejoindre Seigneur. Aujourd’hui je veux encore te rejoindre”. Maintenant.
Veillez. Car le Seigneur vient. On ne le reconnaît pas toujours. Vous connaissez ce roman de Dostoïevski, Les frères Karamasov, où on a une petite parabole qui est donnée par un des frères, et qui annonce que si le Christ venait aujourd’hui au milieu de nous, certainement qu’on le mettrait en prison, voire qu’on le ferait placer en asile psychiatrique parce que… non, quelqu’un qui se dit aussi proche de Dieu et qui change de vie, il ne peut pas être vraiment équilibré. En fait la question se pose pour nous : “si nous voulons être chrétien, est-ce que nous pouvons être considérés comme normaux par les gens ? Par le monde ? Par la pensée dominante ? Et si vraiment je tiens à rester éveillé, à garder les yeux fixés sur le Christ et à vouloir suivre ce qu’Il me demande, est-ce que je peux être bien vu ?”
Le Christ, il y a à peu près 2000 ans, a quitté cette Terre, après avoir passé une trentaine d’années. Il est monté en ascension. Il nous a confié le Salut du monde. C’est étonnant çà, hein ? Ce n’est pas nous qui sauvons, c’est Dieu qui sauve, c’est le Christ qui sauve ! Mais c’est à nous qu’a été confié, donné tout pouvoir. Il a confié à certains la mission de pardonner les péchés par exemple. Il a donné à d’autres, à tous les chrétiens, d’être prêtres et de porter le monde dans la prière. Il a donné à tous les chrétiens la mission d’être prophète et donc de témoigner de l’Amour de Dieu, de transmettre cette Parole, de la vivre. Il a donné à tous les chrétiens d’être roi, – c’est-à-dire serviteurs -, il nous a confié cela ; Il est parti en voyage. Et Il reviendra. C’est cela ! C’est le sens même de cette parabole. Chacun de nous à notre place, il nous faut accomplir la volonté du Christ, la volonté de Dieu. De telle sorte que quand Il vienne, nous puissions l’entendre dire : “bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de chose. Entre dans la joie de ton maître”. C’est cela que nous voulons.
III – Une veille active, des actes concrets
Alors si nous le voulons vraiment, il nous faut être en état de veille, prêts à Le recevoir Lui, le Christ, qui vient, maintenant ! Et pour cela, il y a des petites choses concrètes, pratiques, à vivre. Ça ne peut pas être qu’une idée que je garde dans un coin de ma tête. Là nous entrons, nous sommes dans cette période de l’Avent. On a de la chance, cette année, l’Avent, il fait toujours quatre dimanches, mais en fait, il fait trois semaines et un jour. Donc on a un Avent bref. Alors il ne faut pas le louper, car si on a loupé la première semaine, on est très vite arrivé, quoi… Donc pendant ces trois semaines, d’ici ce soir peut-être pendant votre prière du soir vous pouvez… – ou là pendant la messe ce peut être -, décider de un, deux, trois points concrets, pratiques. Comment être un peu plus et un peu mieux en état de veille ? Comment est-ce que je donne un petit peu de temps d’adoration, (le jeudi soir à Chaponost) ? Comment est-ce que je vais à la messe un peu plus en semaine ? Comment est-ce que j’ouvre mon Parole et Prière ou Magnificat, et je lis un peu plus la Parole de Dieu ? Quel service je vais rendre pendant ces trois semaines ? Quelle attention à ceux qui sont plus proches ? Quelles personnes j’ai perdues de vue, et je vais essayer de retisser le lien ?
Bah… des idées, vous en avez plus que moi. Donc je vous laisse… Quelque chose de concret, de pratique qui permette de me dire pendant ces trois semaines, pendant ce mois, pendant ce mois ; tiens, au moment où je pose cet acte-là, ça me permet de me dire : “ah oui, c’est vrai, c’est le Seigneur que j’attends” ? C’est le Seigneur que j’attends. Parce qu’Il nous appelle. Il nous l’a dit, hein : c’était le chant d’entrée : “viens, suis-moi”. C’est ce qu’Il nous dit, à nous. Et nous, est-ce que nous acceptons de le suivre ? Est-ce que nous l’attendons vraiment dans cette attente amoureuse et impatiente d’un Amour qui attend un autre amour ? D’un cœur qui est prêt à se laisser combler, à se laisser remplir par la joie de Dieu ?