Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale. Les titres sont ajoutés après retranscription.
I – Mise en garde
La première lecture que nous avons entendue, c’est une mise en garde, un avertissement, un avertissement aux prêtres. Mais pas seulement, c’est aussi un avertissement à tout le peuple d’Israël. Pourquoi ?
En fait, on est dans les années 480 avant Jésus-Christ, il y a une quarantaine d’années, le peuple est revenu d’exil. Il a reconstruit le Temple. Il est de nouveau sur sa Terre. En fait, toutes les promesses de Dieu s’accomplissent. Alors normalement, tout devrait bien se passer.
Mais voilà. Il semble bien qu’il y a une différence entre ce qui devrait être et ce qui est ; qu’il y a une différence entre ce qu’on dit et ce qu’on fait. Alors le Seigneur met en garde ses prêtres par la bouche des prophètes. Il leur dit : ‘attention ! Vous avez à remplir votre mission. Vous avez à être véritablement les bergers de mon peuple et pour ça, il faut que vous soyez en cohérence. Que ce que vous faîtes et ce que vous dîtes soit en lien’.
Alors évidemment, ça m’interroge, parce que si les prêtres de l’Ancien Testament et les prêtres du Nouveau Testament ne sont pas tout à fait les mêmes, mais c’est bien le mot ‘prêtre’ qui revient. Et ça doit vous interroger aussi, car puisque nous sommes baptisés, nous sommes connectés au Christ et nous sommes avec Lui prêtre, prophète et roi. Tous les chrétiens. Et nous sommes invités, avec le Christ, par le Christ, à porter le monde dans notre prière. C’est cela notre mission de prêtre.
Alors cette lecture nous signifie que l’homme est changeant, infidèle… Les mots sont encore plus forts : il est ‘destructeur’, il est ‘profanateur’, et si l’homme est instable et n’est pas fiable, en revanche, Lui, Dieu, il est fiable. Il ne change pas. Et Il continue à nous répéter : ‘Je vous aime. Ce que je veux pour vous, c’est votre bien et votre joie’. Alors cet avertissement était sévère et la réaction du peuple, c’est une exclamation : ‘n’avons-nous pas qu’un seul Père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créé ? Ne devons-nous pas vivre en cohérence avec ce que nous croyons ?’
II – la nécessité de vivre ce que l’on transmet
L’évangile que nous avons entendu, c’est 400… un peu plus même, presque 500 ans plus tard ! Et on a l’impression que rien n’a changé.
Lorsque Jésus s’adresse aux Pharisiens, aux scribes, à tous ces gens qui connaissent parfaitement la Loi, eh bien, il y a toujours ce grand problème de cohérence. Jésus parle, cite des scribes et des Pharisiens, ceux qui ont l’autorité. Et Il ne remet pas en cause cette autorité. ‘Quand ils enseignent : écoutez-le ! Faîtes-le ! Observez-le !’ Mais cette autorité, elle doit être véritable. Et qu’est-ce que c’est qu’une autorité véritable ? C’est comme le signifie la racine : autorité, c’est la même racine que augmenter. Faire grandir. L’autorité elle est là pour faire grandir. Alors, quand les scribes et les Pharisiens, quand ils enseignent la Parole de Dieu qui est toujours vivante, qui est toujours présente, lorsqu’ils commentent et expliquent ce que Dieu a donné au mont Horeb, au mont Sinaï, à Moïse, ‘alors là, écoutez-les ! Mais ne faîtes pas ce qu’ils font’.
En fait, ce que Jésus reproche en particulier aux Pharisiens et aux scribes, c’est de vivre comme si la Parole de Dieu n’était qu’un objet d’études. On en parle très bien, mais il n’y a pas besoin de la vivre. On en parle très bien, mais on fait comme si elle était morte. Or, non ! La Parole de Dieu, elle est vivante. Elle est vivante et donc elle doit avoir une activité en nous.
Alors Dieu ne change pas. Il continue à nous enseigner, à nous parler. Il continue à choisir des hommes et des femmes pour être les ‘transmetteurs’ de sa Parole. Et en premier lieu, Il choisit les Chrétiens. Tous, chacun de nous. Nous sommes choisis pour enseigner, transmettre, proclamer la Parole de Dieu à notre monde. Et quand je dis à notre monde, ce n’est pas à notre monde en général, c’est au monde qui est près de vous. Vos voisins, vos amis, vos familles. Dieu continue à donner sa Parole. Il nous invite à en vivre. Il nous donne, – on dit ‘Sa Grâce’ -, autrement dit son Amour, Sa Vie ; Il vient s’installer en nous. Et alors nous pouvons Lui répondre. Nous pouvons Lui répondre. Et que Lui répondons-nous ?
III – Être petit, condition de la grandeur
C’est le psaume. ‘Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le cœur ambitieux’. Je ne vise pas de grands projets, de choses qui me dépassent. Non. Je veux être dans un accueil, une écoute, une attention à Ta Parole. ‘Mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère’. En fait, à la différence des Pharisiens et des scribes, à la différence des prêtres de l’Ancien Testament, notre but n’est pas de prendre et de devenir plus grand, plus fort, plus beau. Non. Notre but, c’est de nous laisser remplir par la Parole de Dieu. Et alors, il nous faut poser un acte. Parce que se faire petit, ce n’est pas facile ; ce n’est pas naturel. Se faire petit, c’est décider de se mettre dans une disposition qui est celle de l’accueil, de la réception. ‘JE TIENS mon âme, égale et silencieuse. Mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère’. Petit enfant, absolument confiant, qui sait qu’il dépend, qu’il dépend absolument de Dieu. Qu’il dépend absolument. Il ne tient pas par lui-même.
Alors c’est un acte. Un acte de renoncement à une forme d’orgueil, à une forme de place que nous aurions à prendre. C’est un effort d’abandon. Oui, nous avons à poser cet effort-là pour accueillir pleinement Dieu dans nos vies. Il nous faut engager notre volonté. C’est ce chant (il chante) : ‘vous serez vraiment grands, dans la mesure où vous êtes petits. Vous serez alors grands dans l’Amour’. Tout est là ! Être grand véritablement, c’est d’abord être dans une position de réception qui va nous faire nous laisser remplir par l’Amour de Dieu.
Alors avec le Seigneur, répondons-Lui : ‘Seigneur, je suis devant Toi comme un petit enfant contre sa mère. Seigneur, remplis-moi de Ton Amour, afin que je puisse déborder de Lui. Remplis-moi de Ta Parole, qu’elle soit une activité en moi.
Que je ne sois pas comme cette caricature de Pharisien ou de scribe qui sont décrites par Jésus. Qui croient que leur titre de Rabbi, – ce qui veut dire Monseigneur -, leur titre de Père, ou leur titre de Maître ne dépend que d’eux seuls. Jésus est rude, hein. ‘Ne vous faîtes pas appeler Père. Ne vous faîtes pas appeler maître. Ne vous faîtes pas appeler Monseigneur’. Et là, on se dit : ‘mais y a pleins de gens qui se font appeler comme cela, ou qui sont appelés comme cela’. Le prêtre, déjà. Mais, tous les papas, à priori, se font appeler père, papa. Est-ce que on va renoncer absolument à ces titres ? Ce n’est pas forcément ce que nous demande Jésus. Ce qu’Il nous demande, c’est de les remettre en perspective. Nous sommes père parce que nous tenons notre paternité de Dieu. Nous sommes maîtres parce que nous nous laissons enseigner par Dieu. Nous sommes seigneur parce que nous nous laissons élever par le Christ. C’est vrai ! Le tout, c’est de remettre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.
Alors, il s’agit pour nous, encore, de nous tenir petits, dans une vraie dimension de réception. Pour être des témoins. C’est le pape Paul VI, en 1968, dans l’encyclique Ecclesiam Suam, Son Église. Il dit : ‘aujourd’hui, le monde ne semble pas avoir besoin de maître. Mais s’il en a besoin, ces maîtres doivent aussi et surtout être des témoins’. C’est notre mission. Être témoin de l’Amour de Dieu dans le monde. Être témoin de l’Amour de Dieu pour ceux qui habitent tout autour de nous, à Chaponost, dans nos familles… Pour leur faire connaître l’essentiel. C’est que Dieu nous aime.