Par l’abbé Gaël de Breuvand,
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale, c’est pourquoi le style reste familier. Les titres sont ajoutés après retranscription.
Le chant d’un amoureux déçu
Avez-vous écouté, entendu, avec tout votre cœur ce chant de l’Ami pour sa vigne ? C’est un amoureux qui parle. Un amoureux de sa vigne dont il prend soin. Mais, c’est un amour… déçu. Un amour attristé, un amour blessé ! Et pourtant, il prend soin de sa vigne. Il veut qu’elle produise du bon fruit ; il veut qu’elle produise du bon vin. Ce texte d’Isaïe nous montre toute la tendresse de Dieu, toute l’attention de Dieu pour son peuple, parce que cette vigne, c’est bien évidemment le peuple d’Israël, comme le disait le psaume. Cette vigne qu’il a transporté d’Égypte, et apporté en Terre promise. Cette vigne est appelée à être la joie ; cause de joie pour beaucoup. Car c’est cela la mission d’Israël, c’est d’être le témoin de l’Amour de Dieu pour le monde. Et lorsqu’elle n’accomplit pas ce pour quoi elle est faite, cette nation va se retrouver perdue, comme abandonnée. Ce n’est pas que Dieu l’abandonne ; c’est que finalement, elle s’est coupée de Dieu. Et c’est l’exil qui les attend. Dieu veut que nous portions du fruit, et pour cela, Il prend soin de nous.
Dans l’évangile, Jésus reprend cette même image : celle de la vigne. Il y a des petites choses qui changent. Et dans ces petites choses qui changent, c’est qu’Israël n’est pas le peuple en soi, mais bien le Royaume de Dieu, qu’Il confie… à nous. Alors d’abord, les Pharisiens, à qui il s’adresse dans l’Évangile selon saint Matthieu au chapitre 21. Mais cette parole de Dieu, elle s’adresse bien à nous, chacun personnellement. Et Jésus nous montre encore une fois, l’Amour de Dieu pour son peuple, qui nous confie le Royaume de Dieu et qui nous envoie sans cesse, ses serviteurs, ses prophètes ! Alors des prophètes, il y a en a eu dans l’Ancien Testament, qui ont d’ailleurs été maltraités, c’est ce que dit Jésus : une fois, deux fois, trois fois. Mais on peut encore l’actualiser… parce que les prophètes des temps d’aujourd’hui sont-ils beaucoup mieux traités ?
Liberté de Dieu et liberté de l’homme
Et puis enfin, Dieu envoie Son Fils ! Son Fils premier né. Lui-même qui se donne. Et là, c’est la réaction de la liberté face à la liberté. La relation entre Dieu et nous, c’est une rencontre. Celle d’un Père qui nous aime. Qui se définit même par Son Amour. Il aime. Et d’une autre liberté, celle d’enfants, nous qui sommes invités à rendre cet Amour, à rendre Amour pour Amour. Et que faisons-nous ? Que rendons-nous ? Quand le fils vient, nous souhaitons mettre la main sur son pouvoir. ‘Cet héritage sera pour nous, éliminons-le !’ Alors, effectivement, on pense à Jérusalem, dont Jésus va être sorti et crucifié, tué. Mais on pense à nous, chacun, qui peut-être avons décidé, parfois, de mettre un petit peu Dieu en dehors de nos vies. Il y a peut-être, chacun, un petit examen de conscience à faire… Est-ce qu’il n’y a pas dans ma vie des lieux où Dieu n’est pas présent ? Ça peut être des lieux, ça peut être des temps. Ce temps-là est pour moi et pour moi seul. Je n’ai pas besoin d’en rendre compte. Ce n’est d’ailleurs pas ce que nous faisons qui est à mettre en question, mais plutôt la manière dont nous le remettons entre les mains de Dieu. Il n’y a pas très longtemps, un prêtre versaillais a publié une petite vidéo où il interrogeait notre manière de nous coucher le soir. Et il faisait remarquer que souvent, on arrive en fin de journée… Voilà… Toutes les activités que l’on doit donner sont faites ; les enfants sont couchés ; et puis, et puis là, ce temps-là, on se le garde pour nous… et on le maîtrise plus. On ne le remet pas entre les mains de Dieu, on se le garde juste pour nous. Et d’ailleurs, dans ces cas-là, comme on le maîtrise pas du tout, on se couche trop tard ! Voilà, c’était un exemple.
Est-ce que nous remettons à Dieu tout ce qui est à nous ? Parce ce que ce que nous possédons, nous le remettons à Dieu Lui-même. C’est Dieu qui nous confie son Royaume. C’est bien ce combat-là qui est mené depuis les tous débuts de l’humanité, lorsque Dieu nous crée à son image, Il nous donne d’être amour comme Lui, d’être comme Dieu. Et le serpent tente, en proposant : ‘vous serez comme des Dieux’. Et l’Homme se sert, et il prend ce que Dieu voulait lui donner. Et nous en connaissons les conséquences.
Ne soyons inquiets de rien
Alors, oui, le chant du Seigneur est triste. Le chant d’un bien-aimé pour sa vigne, le chant d’un amoureux pour son peuple, qui n’est pas payé en retour. Alors peut-être qu’aujourd’hui, nous pouvons renouveler notre décision, choisir d’aimer, choisir d’aimer Dieu, à sa mesure, c’est-à-dire… sans mesure. Alors vous me direz, c’est trop difficile. Et c’est vrai ! C’est bien trop difficile pour nous. Vous le savez bien. Faut-il être inquiet ? Devons-nous rester en dehors du Royaume ? Non. Nous n’avons pas à nous en faire ; c’est ce que nous dit saint Paul dans la deuxième lecture : ‘frères ne soyez inquiets de rien. Priez, suppliez, rendez grâce. En fait, entrez en relation avec votre Dieu. Entrez en relation avec ce Dieu qui nous aime, et la paix de Dieu nous sera donnée. Agissez ! Agissez conformément à la volonté de Dieu. Et le Dieu de la paix sera avec vous’.
Finalement, ce qui nous est demandé, ce n’est pas d’accomplir des choses extraordinaires. C’est juste de déposer notre vie entre les mains du Père. Et soyons-en certains, c’est une parole sûre que celle-ci : ce Père, Il nous aime. Il nous aime…