Par le Père Bertrand Badji
Les lectures bibliques de ce dimanche nous annoncent une bonne nouvelle : le salut de Dieu est offert à tous les hommes ; il ne se limite pas aux croyants chrétiens ; il est pour tous, y compris ceux qui ne le connaissent pas encore.
C’est ce message que nous trouvons dans le livre d’Isaïe, bien avant la venue du Christ : « Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom, pour devenir ses serviteurs… je les conduirai sur ma montagne sainte. » N’oublions pas que dans le monde de la Bible, la montagne c’est le lieu de la rencontre avec Dieu. S’il n’y a qu’un seul Dieu, le salut ne concerne pas seulement ses enfants mais aussi tous les autres peuples. C’est ce que nous rappelle le pape François quand il nous demande d’ouvrir les portes et d’aller au-devant de ceux qui sont loin, jusque dans les « périphéries ». La Parole de Dieu doit être annoncée à tous.
Le psaume 66 vient prolonger cette lecture d’Isaïe : tous les étrangers sont invités à se joindre à la grande action de grâce du peuple d’Israël : « Que tous les peuples te rendent grâce. Qu’ils te rendent grâce tous ensemble. » C’est une louange qui se veut universelle.
Avec la lettre de saint Paul, nous sommes en plein dans l’accomplissement de ce projet de Dieu. L’apôtre saint Paul s’adresse à des chrétiens d’origine païenne. Leur accueil dans la communauté chrétienne ne s’est pas passé sans de nombreuses tensions. Mais ces étrangers sont de plus en plus nombreux à se convertir au Christ. Le fait que l’Évangile soit reçu par des païens montre à lui seul que Dieu appelle tous les hommes.
A la suite de Paul et de tous les grands témoins de la foi, nous sommes envoyés vers ceux qui ne fréquentent pas nos assemblées. L’Église d’aujourd’hui doit ouvrir ses yeux, ses oreilles et son cœur aux appels du monde entier. La bonne nouvelle de Jésus Christ est pour tous.
L’Évangile nous montre, qu’avec Jésus, cette bonne nouvelle est en train de se réaliser. Lui-même vient de se heurter à l’incroyance des siens. Il se retire dans la région de Tyr et Sidon, en terre païenne ; et c’est là qu’a lieu la rencontre avec la Cananéenne. Sa race, son pays, son passé, tout la rend étrangère et lointaine. Et pourtant, cette païenne va faire preuve de droiture, d’humilité, de disponibilité, d’humour et surtout d’une foi étonnante qui va faire l’admiration de Jésus. Nous l’avons entendu : « Au moins les petits chiens mangent les miettes qui tombent sous la table de leur maître. » C’est une leçon extraordinaire pour les juifs et pour les disciples.
Nous venons de fêter l’Assomption ; nous pouvons nous poser la question : qu’y a-t-il de commun entre Marie et cette païenne anonyme et méprisée ? Apparemment rien… sauf la foi. Marie et la cananéenne se rejoignent en Jésus Christ. La foi de la cananéenne est une ouverture du cœur, une grande confiance en celui qu’elle implore. Quand tout est désespéré, une mère espère encore. La foi d’une maman étrangère ouvre le cœur de Jésus aux païens.
Comme la Samaritaine, nous supplions le Christ : « Aie pitié de nous, aie pitié de notre monde qui est tourmenté par les injustices, les violences, la misère… Beaucoup sont victimes de fausses accusations qui ne visent qu’à les enfoncer. Le Christ continue à nous envoyer pour témoigner de son amour auprès de tous les blessés de la vie, les malades, les exclus, les prisonniers. Il nous envoie pour porter la guérison autour de nous. Le remède qu’il nous donne c’est bien plus que des miettes : c’est le don de sa Parole et de son Corps, c’est le don de son Esprit saint.
Les textes bibliques de ce dimanche nous invitent à changer notre regard sur ceux qui ne sont pas de notre bord. Un jour, Jésus a dit : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Cet amour du Christ est universel et sans limite. Tous les peuples du monde entier sont invités à acclamer le Seigneur pour cet amour sans frontière. C’est de cela que nous avons à témoigner par nos paroles, nos gestes d’accueil, de partage et de solidarité