Par l’abbé Gaël de Breuvand
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale, c’est pourquoi le style reste familier.
Rendons grâce à Dieu pour cette fête, cette solennité du Corps et du Sang du Seigneur, -cette fête-Dieu comme on l’appelait dans les temps anciens -, parce que vraiment nous fêtons notre Dieu. Nous avons la joie, en ce jour, d’avoir avec nous Tiecelin, Clément, Lucas, Tom, qui vont vivre cette rencontre dans l’Eucharistie pour la première fois. On espère bien que ce ne sera pas la dernière…
Et du coup, c’est l’occasion de méditer un peu sur ce mystère de l’Eucharistie. Qu’est-ce que c’est ? Pourquoi est-ce que, chaque dimanche, nous nous retrouvons pour célébrer la messe ? Pourquoi est-ce que, même chaque jour, les prêtres célèbrent la messe ? Pourquoi est-ce que la nuit dernière, nous avons passé toute la nuit à adorer Jésus en son corps exposé ? Alors on pourrait regarder le mystère de l’Eucharistie, comme un trépied. Vous savez, quand à un trépied, il manque un pied, ben ça ne tient plus debout, hein…
1/ Présence
Le premier pied, c’est un sacrement de la résurrection. Le sacrement de l’Eucharistie, c’est le sacrement de la résurrection. Jésus s’est fait Homme, Il est mort, Il est ressuscité, Il est présent au milieu de nous. Il nous l’a promis ! ‘Je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde’. Il nous l’a promis, et comme Il tient ses promesses, – Il est fidèle -, eh bien, Il a choisi de se rendre présent à nous sous cette forme du pain, qui devient le Corps du Christ, du vin, qui devient le Sang du Christ. Il n’y a plus de pain, il n’y a plus de vin, il n’y a plus que le Corps et le Sang du Christ après que la Parole ait été prononcée par le prêtre, – cette parole, qui est celle de Dieu !- ‘Ceci est mon Corps’. C’est pas moi qui le dit. C’est bien Jésus. Cette présence, elle est tellement réelle, elle est tellement substantielle, que quand on pose la question : ‘est-ce qu’une petite souris qui mangerait une hostie consacrée, qui mangerait l’Hostie qui est au Tabernacle… Est-ce qu’elle mangerait Dieu ? Est-ce qu’elle mangerait le Corps du Christ ? ’ Eh bien, oui. Elle mange le Corps du Christ. Pour autant, il va lui manquer quelque chose quand même. Il va lui manquer le deuxième point. Sacrement de la présence de Dieu, c’est l’Eucharistie. Sacrement de la résurrection. Sacrement du Dimanche de Pâques.
2/ Sacrifice
Mais l’Eucharistie, c’est aussi le sacrement du Vendredi Saint. C’est le deuxième point. Le sacrement de la mort de Jésus. Le sacrement du sacrifice. Le sacrement où Jésus donne Sa vie. En fait, le plus important dans un sacrifice, c’est pas le sang qui est versé. Le plus important dun sacrifice, c’est le cadeau, l’offrande qu’on veut faire. Alors Jésus offre sa vie. Il l’offre à qui ? Au Père. ‘En tes mains, je remets Mon esprit’. Et Il l’offre à qui ? À nous tous. À moi. En fait, à chacun de nous Il dit : ‘ceci est mon Corps donné, livré, crucifié pour toi’. Il nous le dit. Il nous l’offre. Et c’est un sacrement de vie. Et puis, comme on se partage pas en dix-huit, c’est toujours le sacrement de la présence et de la résurrection. Mais voilà, Il nous le dit : ‘Mon Corps est donné pour toi’. Quelle peut être notre réponse ? … Non, ça m’intéresse pas ! Bon, c’est peut-être pas la bonne réponse. La bonne réponse, peut-être que c’est tout simplement de dire les mots que Jésus nous dit. En fait, faire ce que Lui nous fait. Il nous donne Son Corps, Il nous donne Sa vie. Eh bien, on peut Lui répondre en donnant nous-mêmes notre Corps, notre vie. Et du coup, la petite souris, celle qui a grignoté le Corps de Jésus, Eh ben, elle, elle peut pas faire ça. Elle, elle peut pas recevoir la vie de Dieu en elle ; elle peut pas donner sa vie à Dieu. Parce que pour vouloir la donner, il faut pouvoir vouloir, il faut pouvoir en avoir conscience, il faut pouvoir, oui, le décider quoi ! C’est ça aujourd’hui que vous êtes invités à faire. Décider aujourd’hui d’offrir votre vie au Christ. Aujourd’hui. Vous, qui allez faire votre Première Communion… Mais, chacun de nous aussi !
Quand Jésus nous dit : ‘voici Mon Corps donné pour Toi’, ça peut nous faire penser à une autre parole que l’on dit dans un autre sacrement… Le jour du mariage. L’époux et l’épouse se disent l’un à l’autre : ‘voici mon corps, ma vie, donnés pour toi, pour t’aimer, pour ta joie et ton bonheur. Et quelle est la réponse ? Quelle est la réponse de la fiancée ? Ce n’est pas : ‘non, ça ne m’intéresse pas…’ C’est : ‘je te reçois. Et à mon tour, je me donne à toi’. C’est ce qu’on appelle la dimension nuptiale, -cette dimension nuptiale que l’on trouve dans le mariage évidemment, c’est de là que vient ce nom -, mais c’est aussi cette dimension nuptiale qu’il y a dans l’Eucharistie, quand Jésus vient à vous, Il vous dit : ‘je vous donne Ma vie’, que pouvons-nous Lui répondre et est-ce que notre parole est cohérente ? Est-ce qu’elle est vraie ? Est-ce que, vraiment, nous allons donner notre vie ?
3/ Communion
Le sacrement du dimanche de Pâques, -celui de la Résurrection -, le sacrement du Vendredi Saint, du Sacrifice, de l’Offrande. Et le sacrement du Jeudi Saint. Et celui-là, on l’appelle le sacrement de la Communion. C’est de là que ça vient, hein… En fait, comme cela, on a eu les trois mots qui désignent la Messe, qui désigne ce qu’est l’Eucharistie : Communion, Sacrifice ou Offrande, Présence.
Alors, ce sacrement du Jeudi Saint. Nous sommes réunis, là, tous, aujourd’hui, par le Christ, par Jésus. Il nous veut autour de Lui, comme Sa famille. Comme ses frères. Nous sommes créés par Dieu, donc nous le sommes bien d’une certaine manière, ses frères. Mais il nous manque encore quelque chose. Il nous manque d’être pleinement connecté à Lui. Et c’est en mangeant ce Corps, en vérité, en buvant ce Sang, en vérité, en faisant cet échange d’offrande, que nous pourrons être pleinement membres du Corps du Christ. Vous connaissez ce chant (il chante) : ‘devenez ce que vous recevez’. Devenez ce que vous recevez. C’est ça la vraie Communion. Communion avec Dieu, parce que du coup, si nous devenons le Christ, alors le Père nous regarde comme son enfant bien-aimé. Et puis, si nous devenons le Christ, nous sommes membres du Corps du Christ et chacun de nous est indispensable à ce Corps. Et nous avons tout intérêt à être en bonne relation avec les autres membres du Corps. Vous êtes chacun, ici, pour remplir votre mission dans l’Église. Cette dimension de Communion, du Jeudi Saint, on dit que l’Eucharistie fait l’Église. Ou que l’Eucharistie vit de l’Église. C’était la dernière encyclique du Pape Jean-Paul II. L’Eucharistie fait vivre l’Église. C’est l’Eucharistie, parce que nous communions au Corps du Christ et que du coup nous sommes en communion que vraiment nous sommes cette assemblée sainte, voulue par Dieu. Alors après, on sait bien qu’en nous, il y a des limites, des défauts quand même. Quand je vous dis : ‘vous êtes tous saints’, c’est vrai parce que c’est le désir de Dieu pour vous. Et en même temps, si on se regarde un petit peu tous dans notre cœur, on voit qu’il y a des petits décalages quand même, hein… On n’est pas tous parfaitement Amour. Mais il ne faut pas se lasser de s’approcher du Seigneur en Lui demandant : ‘Seigneur, dis seulement une parole et je serai guéri’. Car c’est Lui qui nous sauve. C’est Lui qui vient à notre rencontre ; Il n’attend qu’une chose, Il n’a besoin que d’un ingrédient : c’est de nous.
Alors tout à l’heure, le Christ va dire ces mots à travers ma bouche : ‘ceci est Mon Corps donné pour vous ; ceci est Mon Sang, versé pour vous’. Et là Jésus sera sur l’autel. Et tout de suite après, vous écouterez bien, tout de suite après la consécration, -un tout petit peu après -, il y a ce moment où je m’incline devant l’autel et où je demande à Dieu de porter cette offrande sur l’autel céleste. Et c’est étonnant. Parce que le Corps et le Sang, qui sont là, c’est Jésus ! Et Lui, Il est déjà en présence du Père. Alors cette offrande que l’on veut porter en présence de Dieu, c’est qui ? … C’est nous ? … C’est nous ! Alors laissons-nous porter par le Christ en offrande au Père et alors on continuera en disant : ‘par Lui, avec Lui et en Lui. À Toi, Dieu, le Père tout-puissant, tout honneur et toute gloire, dans l’unité du Saint-Esprit. Tout honneur et toute gloire pour Dieu, eh bien c’est nous… Offerts ! Qui nous reconnaissons nous-mêmes comme des enfants, comme des fils bien-aimés, comme des participants de la Gloire de Dieu. Et alors on peut dire en vérité : Notre Père.