Par l’abbé Gaël de Breuvand
En présence de la communauté portugaise à l’occasion du centenaire des apparitions de la Vierge de Fatima et de quatre premiers communiants.
Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale, c’est pourquoi le style reste familier.
Dimanche qui nous permet de vivre notre neuvaine de préparation à la Pentecôte, pour accueillir l’Esprit Saint tout entier qui vient se donner.
Dimanche pour fêter toutes les mamans et en particulier notre maman du ciel.
Dimanche aussi où quatre d’entre nous vont vivre leur première Communion : Thibaud, Guilhem, Romain, Benjamin. C’est le Seigneur qui vient en vous, aujourd’hui. Alors Il était déjà un peu là, mais Il va venir d’une manière toute particulière, pour faire de vous comme un autre Lui-même.
I – être chrétien : signe de contradiction
C’est d’ailleurs un peu le thème de nos lectures aujourd’hui : être chrétien. C’est saint Pierre qui nous dit : « si vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous ! Si l’on vous insulte pour le nom du Christ, heureux êtes-vous ». Et quand on entend cela, ça nous dit quelque chose. Quelqu’un d’autre a dit ça ; c’était au chapitre 5 de l’évangile selon saint Matthieu. Et c’était la 8e béatitude. ‘Si l’on vous insulte, si l’on vous persécute, si l’on dit faussement du mal contre vous à cause de moi, heureux êtes-vous’. Ce que Jésus avait dit, – à priori -, ça avait dû marquer un peu saint Pierre. Et saint Pierre nous le répète. Il nous le répète d’autant plus, qu’à cette époque, à ce moment où il écrit cette lettre, c’est effectivement ce qui se passe. Être chrétien, c’est difficile. Être chrétien, c’est un mode de vie que le monde ne comprend pas. C’est être un signe de contradiction. Car l’agir même du chrétien… Eh bien il dérange. Evidemment ! Un chrétien, c’est celui qui ne vole pas. Donc tous ceux qui volent se sentent jugés par celui qui ne vole pas. Un chrétien, c’est celui qui ne ment pas. Donc tous ceux qui mentent se sentent jugés par ceux-là. Un chrétien, c’est celui qui ne tue pas. Un chrétien, c’est celui qui ne se laisse pas conduire par ses pulsions ; par la recherche à tous prix de la richesse, du confort.
C’est tellement un signe de contradiction, que des chrétiens, on en tue ! L’Ascension, c’était il n’y a pas très longtemps. Quatre jours, en Égypte. Ils étaient plus d’une vingtaine, à qui on a demandé : ‘renonce au Christ, et tu auras la vie sauve’. (aux communiants) Et parmi eux, il y en avait qui n’étaient pas plus vieux que vous. ‘Renonce au Christ, et tu auras la vie sauve’. Et eux, ils ont dit : ‘non. Le Christ, c’est notre Ami, nous ne renoncerons pas à Lui’.
Alors dans notre société, le chrétien, il se reconnaît parce qu’il est prêt à défendre la vie de son commencement jusqu’à sa fin. Parce qu’il est prêt à toujours se mettre au service du plus faible, même si ce plus faible, on n’a pas trop envie de l’approcher. C’est celui qui choisit toujours le bien commun, le bien de chacun, mais un bien qui n’est pas un confort… Plutôt que son bien personnel ou le bien de sa catégorie, de sa caste, de son groupe. Je ne me bats pas pour moi, je ne me bats même pas juste pour ma famille ou mon clan, je me bats pour tous. Alors c’est exigeant. C’est l’exigence du vrai bonheur et de la vraie joie ; être chrétien.
Alors oui, nous allons prendre des positions qui vont être considérées comme bizarre, – C’est encore le mieux, hein…–, Ou bien complètement idiotes ! Voire même dangereuses. Oui, nous continuerons à dire que la seule solution n’est pas la mort d’un petit enfant. Quand la mère est en détresse, peut-être qu’il faut lui proposer autre chose. Oui, nous continuerons à dire qu’une vie, même dans ses derniers instants, même quand elle paraît inutile, est toujours précieuse, parce que Dieu aime tous ses enfants. Oui, nous continuerons à accueillir ceux qui fuient leur pays pour toutes sortes de raison. Parfois même si ce ne sont pas de bonnes raisons ! Nous serons là, pour les accueillir. Oui, nous voulons donner à chacun les moyens de vivre une vie digne, respectueuse de leur vraie humanité, de leur vraie personnalité, de ce vrai trésor, qu’ils portent en eux, tous. Que nous portons en nous, tous : Nous sommes créés à l’image de Dieu. (aux premiers communiants) Vous êtes créés à l’image de Dieu.
II- Être chrétien : chercher la face de Dieu, être le visage de Dieu
Alors être chrétien. Après la première lecture, on peut se pencher sur le psaume. Ce psaume que l’on a entendu en français et en portugais. C’est beau : Le Seigneur comprend toutes les langues. C’est notre prière de chrétien. Notre prière de chrétien, c’est : ‘nous faisons confiance au Seigneur. Il est notre rocher, notre Salut. Il est notre lumière. Il nous éclaire, Il nous ouvre le chemin’. Il est celui que nous cherchons. Il est celui dont nous cherchons le visage. Et ce visage, nous allons le trouver dans celui qui est là près de nous. Vous savez, Jésus nous a quitté physiquement, avec l’Ascension, et maintenant, nous pouvons le chercher. Où le trouverons-nous ? Où le verrons-nous ? Bah d’abord, il y a deux manières de le trouver.
D’abord dans le visage du pauvre, de celui qui a besoin de nous. A tout niveau… Pour des parents, ça peut déjà être leurs enfants. Pour des époux, ça peut être… C’est ! le visage de son mari ou de sa femme. Pour des enfants, c’est le visage des parents. Pour chacun de nous, c’est le visage de ceux que nous croisons dans nos activités, dans notre travail, dans notre mission quotidienne. Que nous croisons dans la rue, que nous croisons tout autour de nous. Nous cherchons ce visage et nous le trouvons, si nous ouvrons les yeux.
Nous cherchons ce visage aussi, en fait, dans le visage des saints. Il se trouve que notre première responsabilité (aux premiers communiants) Votre première responsabilité, -et c’est pour cela que Jésus se donne aujourd’hui en Eucharistie -, c’est que vous (les enfants), et vous tous (l’assemblée), soyez des saints. Que vous soyez comme Dieu, à son image et à sa ressemblance. Et alors là, sans aucun doute, les autres verront alors en vous le Christ qu’ils cherchent. Vous serez pleinement témoin. Être chrétien… ‘Mon cœur m’a redit Ta Parole. Cherchez ma face !’ Oui, Seigneur, je la cherche. Je la cherche autour de moi. Je la cherche en moi. Je la cherche en voulant être moi-même Ton visage.
III- être chrétien : être uni à Dieu et à mes frères, avec Marie
En avançant encore dans les lectures, on a la première lecture : ce livre des Actes des Apôtres. Vous avez entendu ? Ils ont vu Jésus s’en aller au Ciel, et ils se retrouvent, chacun, tous ensemble, dans une même salle. Un peu comme nous ! Eux, ils étaient… – Il y avait Marie, les 11 apôtres, quelques femmes, quelques disciples -, peut-être qu’ils étaient 25, 30 ! Nous en est 400. On les entend, tous nommés : Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe et Thomas, Barthélémy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélote, Jude fils de Jacques, Thibaud, Guilhem, Romain, Benjamin… Et puis, chacun de nous. Alors malheureusement, je ne serais pas capable de citer toute l’église. Mais normalement, si vous m’aidiez, on y arriverait. Tous ensemble, d’un seul cœur ! Ils entraient dans la prière ; nous entrons nous aussi dans la prière. Une prière qui est une conversation avec le Seigneur.
Et vous remarquerez, ils sont là, autour de la Vierge Marie. Comme nous. Comme nous…Dans notre vie, nous pouvons nous appuyer sur elle. Il y a un siècle, tout juste, elle est apparue dans une petite lande, à trois petits enfants ; Et ces enfants ont vu cette Dame, ont eu confiance en elle et ont obéi à ses demandes. Elle était envoyée par le ciel. Et sa mission principale, c’est de montrer le Christ. C’est pour cela que ce centenaire est représenté sur les cierges pascals. Cette apparition de Marie est posée sur le cierge pascal… Pourquoi ? Parce que le cierge pascal, c’est le Christ lui-même. Et là, Marie nous montre Jésus. Alors avec Marie, nous voulons prier, nous voulons entrer en conversation avec Dieu. Nous voulons être pleinement chrétien. Nous voulons être comme les apôtres autour de Marie : un seul corps ! Alors, un seul corps, ça veut dire que l’on se connaît les uns les autres. Et on sait que parmi nous, il y en a qui sont capables d’être le petit doigt et d’autres qui sont capables d’être l’orteil. Tout le monde n’a pas la même place. Tout le monde n’a pas la même fonction. Et pourtant, s’il vous manque un doigt, il vous manque vraiment quelque chose. Chacun de nous est nécessaire et indispensable. Alors là, aujourd’hui, on n’a pas tellement l’impression parce que toutes les places sont prises. Mais, en fait, dans le corps et dans le cœur de l’Église, s’il manque un d’entre nous, toute l’Église pleure ; alors retrouvons-nous régulièrement pour être, comme Marie et les apôtres, unis dans la prière. Être pleinement chrétien ! Pas seulement un titre… Mais que nous le soyons au plus profond de nous-mêmes.
IV – Être chrétien : c’est donner ce que Dieu nous a donné…
Et enfin, c’est mon quatrième point. Être chrétien, – c’est ce que dit Jésus dans l’évangile. Vous l’avez entendu, je l’ai chanté -, et le mot ‘donner’ on l’entend… dix fois ! ‘Tout ce que Tu m’as donné vient de Toi car je leur ai donné les Paroles que Tu m’avais données’. Jésus nous dit : ‘ce que Je VOUS donne : premièrement, recevez-le !’ Il faut recevoir ce que Dieu nous donne. Et Il nous donne quoi ? Il nous donne Sa Parole, Il nous donne son Amour. Et la deuxième chose, c’est qu’Il dit : ‘Moi Jésus, ce que je vous donne, je l’ai reçu moi aussi : du Père ! Eh bien, il faut que vous fassiez pareil que Moi’. En fait, Il n’est pas original Jésus, Il dit juste : ‘faîtes comme Moi. Faîtes comme Moi. Ce que vous avez reçu, donnez-le vous aussi’.
Dans quelques instants, tous les quatre, vous allez recevoir le Corps du Christ, et puis beaucoup parmi nous… Ce n’est pas parce que c’est la première fois que la deuxième fois, ça doit devenir banal. Chaque fois, c’est une expérience. Chaque fois, c’est une rencontre. Chaque fois, c’est le plus beau cadeau que Dieu puisse nous faire. Il se donne à nous, afin que nous puissions nous donner aux autres. Nous n’allons pas le chanter aujourd’hui, mais notre cœur doit être convaincu de cette phrase. Ce sont les pères de l’Église, dès le IIIe siècle, qui nous disaient cela : ‘devenez ce que vous recevez’. Vous allez recevoir le Christ, devenez le Christ.
Et c’est possible ; parce que c’est ce que Jésus nous demande. Et alors, oui, nous serons peut-être persécutés, insultés… nous serons peut-être ignorés, – parce que dans notre société, Dieu Merci !, on ne persécute pas encore -, mais on peut être ignoré, on peut être tourné en dérision. Mais finalement, comme nous le dit saint Pierre, ce sera pour nous un signe de gloire, si c’est comme chrétien. N’en n’ayons pas honte. Et ‘rendons gloire à Dieu pour ce nom-là’. Parce que nous sommes chrétiens, nous sommes choisis par Dieu, pour une mission. Nous sommes absolument convaincus de notre limite, de notre incapacité. Nous savons que nous ne sommes pas meilleurs que les autres.
Mais ce que nous savons, c’est que Dieu nous appelle, qu’Il nous pardonne, et qu’Il nous envoie.