Messe en mémoire de la victoire de 1945, en présence des anciens combattants et du maire de Brignais
Par l’abbé Gaël de Breuvand
(Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale, c’est pourquoi le style reste familier).
I – sortir pour annoncer le Christ
Nous sommes dans le temps pascal, voilà presque un mois que nous avons fêté Pâques. Et nous écoutons depuis trois semaines le livre des actes des apôtres, toute la période pendant laquelle le message du Christ est annoncé à travers l’empire romain, tout d’abord en Judée, puis en Galilée, puis on va sortir de Terre Sainte et on entre dans la zone romaine. Et là, c’est le cas. Pierre est à Jaffa, dans le port de Joppé, qui est le port romain en Palestine. Il va avoir une vision. Et cette vision, elle arrive comme une contradiction par rapport à la loi exprimée, à la loi positive. La loi, c’est qu’un Juif ne rentre pas chez un païen. Un Juif ne mange pas de choses impures. Un Juif garde sa judaïté s’il reste entre Juifs. Et là, dans cette vision, Pierre reçoit l’ordre de manger des choses impures ; ce qui ne se fait pas pour un Juif. Il ne comprend pas. Et cette vision va s’éclaircir lorsqu’il va être appelé par le centurion Corneille. Normalement en bon Juif que Pierre est, il devrait refuser. Il n’est pas possible de parler avec ces gens-là ; il n’est pas possible de sortir… de se mélanger quoi ! Il est encore moins envisageable d’entrer dans la maison d’un païen. Et voilà que Pierre, suite au commandement de Jésus, va bousculer la Loi et va établir un pont. Il va le faire ; ce sera une nouveauté absolue… Il va découvrir la bonté de Dieu car lorsqu’Il les baptise, avant même qu’il les baptise, ces païens, ce centurion Corneille et toute sa famille, vont recevoir l’Esprit Saint. Ça confirme l’intuition qu’il avait eue. Et il va passer un bon moment, un bon moment qui est véritablement un moment d’amour, d’échange, de partage, de paix !
II – Pour accueillir la paix, choisir l’amour
Alors, quand il va revenir au milieu de ses frères, – les Juifs -, la première chose que les autres vont faire, c’est : ‘quoi ? Tu es allé te mélanger chez un païen ? Honte à toi !’. Et Pierre va expliquer, – c’est dans le passage que l’on vient de lire -, il se défend et il explique que c’est Dieu qui lui a demandé. En fait c’est très intéressant d’entendre cette parole-là aujourd’hui. En ce 8 mai 2017, alors que nous sortons d’élections un peu tendues, alors que nous célébrons cet anniversaire de la victoire de 1945. Parce que la question, elle est là : comment avoir la paix aujourd’hui ?
Est-ce que nous l’incanterons ? Est-ce que nous demanderons « la paix, la paix, la paix » ! Ou est-ce que nous déciderons de poser des actes concrets ? Est-ce que nous accepterons d’entrer véritablement en relation avec celui qui est différent de moi ? Est-ce que véritablement, je veux rentrer dans une démarche où je travaille pour son bien ? Parce que c’est ça aimer… Ou est-ce que je me contenterai de dire : non, celui-là, je ne peux pas lui parler. Nous savons qu’en 1945 et quelques années plus tard, le choix a été radicalement différent. Les ennemis depuis presque un siècle, c’était les Allemands et on a choisi, résolument, dans les années 45 et suivantes, d’en faire des amis. Nous allions entrer en relation. Et c’est une chose qui a été bien faite et nous pouvons en rendre grâce à Dieu. Cette politique a été inspirée en particulier par un certain nombre de chrétiens ; que ce soient De Gasperi en Italie, que ce soit Schuman ou Jean Monnet.
III – Être un bon berger à l’image du Bon Berger
Voilà ! Établir une relation. C’est ce que Dieu veut pour nous. C’est ce que Dieu veut pour nous : que nous soyons en lien, et un lien qui n’est pas simplement une cohabitation, mais bien un lien d’amour. Nous choisissons de nous donner, de nous fatiguer, de nous dépenser, pour la joie et le bonheur de ceux qui sont autour de nous.
Et c’est là que l’évangile a un lien immédiat. Le bon pasteur, c’est celui qui donne SA vie, pour ses brebis. Le bon pasteur, c’est celui qui donne sa vie pour ceux qui lui sont confiés. Alors, on pense au Pape, on va penser à l’évêque, on va penser au prêtre… Mais on peut aussi penser au maire, on peut penser à tous ceux qui ont des responsabilités politiques, on peut penser aussi à tous ceux qui ont des responsabilités familiales. Vos enfants sont vos brebis. Et vous êtes invités à donner votre vie pour eux, pour vos concitoyens, pour vos paroissiens, pour vos enfants. Lorsque l’on est chef d’entreprise, c’est aussi pour tous ceux qui sont subordonnés. Être un berger et non pas un maître. Un berger, c’est celui qui prend soin de ses brebis. Un berger, c’est celui qui ne laisse pas une brebis partir au loin, sans s’en occuper. Et ce don ; oui, c’est difficile ; oui, c’est fatigant ; oui, c’est usant… Et en même temps, c’est en se donnant soi-même qu’on se retrouve pleinement. C’est le Concile Vatican II qui l’exprime. ‘Nous nous trouvons nous-mêmes, lorsque nous nous donnons aux autres’. Et sans aucune inquiétude, comme dit Jésus : ‘je donne ma vie pour la recevoir de nouveau’. Le Christ a donné la vie, Il l’a reçu de nouveau. On l’a bien vu avec la résurrection. Et nous, lorsque nous donnons notre vie, lorsque nous nous usons pour les autres, soyons tout à fait confiants, plein d’espérance… Finalement, c’est là que nous trouverons la vraie joie et le vrai bonheur. C’est là que nous nous accomplirons. C’est là que nous trouverons ce pour quoi nous sommes faits. Et sans aucun doute, nous vivrons.
Donner notre vie, pour la recevoir de nouveau. Voilà tout notre objectif. Voilà notre appel.