Par le père Bertrand Badji.
En écoutant cet évangile, chacun de nous a en tête cette image du berger qui marche devant son troupeau de brebis et qui en prend soin. Cela nous montre que Jésus avait bien observé les choses. En effet, en parcourant les villes et les villages pour y annoncer la bonne nouvelle, Jésus rencontre des foules sans berger pour les guider. Il est remué jusqu’au plus profond de lui-même par leur douloureuse situation. L’errance de ces foules provient de leur désarroi spirituel. Les autorités religieuses qui auraient dû s’en occuper les ont pratiquement abandonnées.
Aujourd’hui encore, des enfants, des jeunes et des adultes vivent sans repère, sans foi, sans perspective de vie. Ils s’agitent dans tous les sens ; quand ils en ont les moyens, ils consomment des biens et des loisirs. Mais trop souvent, ils sont mal dans leur tête et dans leur cœur. Ils courent mais sans trop savoir où ils vont. L’apôtre Pierre nous invite à comprendre leurs attentes angoissées et à tout faire pour remettre tous ces gens avec le bon Berger qui veille sur nous. Accueillir, enseigner, former et accompagner doivent être les soucis majeurs de l’Eglise.
Dans l’évangile, le Christ a des paroles très dures contre les mauvais bergers d’Israël qui ne sont que des mercenaires. Ce n’est pas le souci du peuple qui les préoccupe mais leur intérêt personnel. Ils agissent comme « des voleurs et des bandits » qui ne viennent que « pour voler et détruire. » Ces faux bergers sont toujours à l’œuvre aujourd’hui. Les évêques, les prêtres qui sont sensés être de bons guides ou de bons bergers pour le peuple de Dieu ne sont pas à l’abri de telles déviations. C’est pourquoi, n’hésitez pas à prier pour vos prêtres. Ce sont vos frères ou vos fils. C’est des humains comme vous qui sont capables d’erreurs, de fautes, de se tromper de route. Alors, continuez à prier pour vos prêtres afin qu’ils soient des bergers exemplaires à la manière du Christ.
Aussi, à travers ces propos de Jésus c’est aussi chacun de nous qui est visé. Nous sommes interpellés sur la manière dont nous remplissons nos missions humaines et ecclésiales. Tous, plus ou moins, nous sommes responsables les uns des autres. Comment vivons-nous ces responsabilités ? Comme un service ou comme un moyen d’en tirer un profit égoïste ?
En ce jour, nous sommes renvoyés à Jésus le « Bon Pasteur » le « vrai berger » qui met sa vie en jeu quand il s’agit de sauver son troupeau : « Je suis venu, dit-il, pour que les hommes aient la vie. » En Jésus, c’est Dieu qui se fait tout proche. Et c’est cela que les pharisiens n’ont pas accepté. Ils avaient tellement le sens du sacré qu’il leur était impossible de prêcher cette proximité de Dieu. Eux ne voient que sa sainteté et l’abîme qui nous sépare de lui.
Cet évangile nous invite donc à remettre le Christ au cœur de nos vies et à nous laisser guider par lui. Bien sûr, il n’est plus visible, mais il nous assure de sa présence tous les jours et jusqu’à la fin du monde. Avant de disparaître à leur regard, il a confié à ses apôtres et à toute l’Eglise la mission d’annoncer la Bonne Nouvelle et de témoigner de l’espérance qu’il met en nous. A notre tour d’annoncer cette bonne nouvelle à tous nos frères et sœurs qui ne la connaissent pas ou qui doutent toujours. Et cela passe par un témoignage de vie en famille, dans le voisinage, dans nos communautés, dans notre milieu de travail. Tout simplement pour dire que notre vie chrétienne ne s’arrête pas entre les quatre murs de nos Eglise. Le Seigneur nous envoie auprès de nos familles, de nos quartiers. Alors vivons notre mission et n’ayons pas honte d’être chrétien.
Par ailleurs, ce dimanche, c’est la journée mondiale de prière pour les vocations. Cette journée a été voulue par le pape Paul VI en 1964. Nous prions pour notre pape. Nous penserons aussi aux évêques, aux prêtres, mais aussi aux futurs prêtres qui devront prendre le flambeau. D’autres répondent à l’appel de Dieu en s’engageant dans la vie religieuse ou en tant que chrétiens engagés.
Aujourd’hui, le Christ nous rappelle qu’il compte sur nous pour participer à son œuvre de rassemblement : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie… » Cet appel à participer à la mission s’adresse à chacun de nous. Pour cela, il ne nous envoie pas seuls mais ensemble les uns avec les autres.
Si nous allons communier au Corps et au Sang du Christ c’est pour puiser à la source ; c’est pour entrer dans ce projet d’amour qui anime Jésus. Qu’il nous donne force et courage pour rester fidèles jusqu’au bout aux responsabilités qu’il nous confie.