Par l’abbé Gaël de Breuvand
(Il s’agit de la retranscription d’une prédication orale, c’est pourquoi le style reste oral). En présence notamment de 7 premiers communiants…
Aujourd’hui, nous avons le récit du premier Dimanche. Vous le connaissez bien cet évangile. Vous vous rappelez, on l’a entendu en boucle, on l’a approfondi pendant le week-end de préparation à la 1ère Communion, – c’était les 11 et 12 mars –, on l’a médité ce texte et on a bien vu qu’il y avait quatre grandes parties dans ce texte.
Et en fait, ces quatre grandes parties du texte, on les retrouve dans notre messe, dans notre célébration d’aujourd’hui.
I – Le temps de l’accueil
Il y a un premier temps : nous nous rassemblons. Et là, ils sont rassemblés ces deux disciples. Et ils sont là ; et ils partent tout tristes. Et, là… sur la route, alors qu’ils s’éloignent de Jérusalem, – Jérusalem, c’est l’endroit où l’on rencontre Dieu –, ils s’éloignent de Jérusalem. Ils sont un peu en train de quitter Dieu. C’est bizarre quand même. Ils sont tout tristes, ils croient que l’histoire, la belle histoire de Jésus, bah elle est terminée !
Alors, ils partent. Et là, Dieu lui-même, Jésus, vient les rejoindre sur la route. Chacun de nous. Jésus vient nous rejoindre. Et Jésus nous parle. Alors Il nous parle dans le livre des Écritures. Mais Il nous parle aussi à travers les événements de nos vies. Il nous parle à travers les rencontres que l’on peut faire. Peut-être même aujourd’hui vous parle-t-il à travers ma voix. Ce n’est pas grâce à moi… C’est Lui qui choisit, dans sa providence, dans sa bonté. C’est Lui qui choisit comment vous parler, à chacun. Et donc, ses deux disciples s’en vont tout tristes. C’est foutu ! C’est raté ! Et Jésus vient les rejoindre.
Tout à l’heure, nous nous sommes réunis et nous avons chanté un chant d’entrée, et le prêtre est entré. Et pendant ce moment du chant d’entrée, c’était ça : le rassemblement de la communauté qui souhaite, qui invite le Christ à être là, présent, au milieu de nous. Et nous savons qu’Il l’est, parce qu’Il nous l’a promis. « Lorsque deux ou trois d’entre vous seront réunis en mon nom, Je serai au milieu de vous ». Nous sommes un peu plus que deux ou trois ce matin, donc il y a de bonnes chances que Jésus soit là. C’est même plus qu’une bonne chance, c’est une certitude absolue ! Notre foi nous l’affirme. Ce premier temps, ce temps de l’accueil… nous invitons Dieu à venir. Jésus vient.
II – Le temps de la Parole
Et ce deuxième temps, c’est celui que nous sommes en train de vivre. Ce temps de la liturgie de la Parole. Lorsque Jésus explique aux disciples tout ce qui devait arriver. Et Il le fait comment ? Eh bien en lisant la Bible. En lisant la Bible… « En partant de Moïse, le tout début de la Bible, et de tous les prophètes, Il leur interpréta dans toute l’Écriture tout ce qui le concernait ». Dans toute la Bible, nous avons les réponses essentielles. Est-ce que nous trouverons les réponses scientifiques à des questions scientifiques ? Non. Par contre, si nous voulons savoir quel est le sens de notre vie, quel est le but de notre vie, alors là, nous le trouverons dans la Bible. Nous trouverons pourquoi nous sommes là, aujourd’hui, sur cette terre. Nous trouverons qui nous sommes. Nous trouverons qui est Dieu. Et surtout, nous trouverons que Dieu veut faire alliance, veut être ami avec nous.
Et la question se pose comme cela : est-ce que vous voulez être ami avec Jésus ? (Silence…) Je vous laisse y réfléchir quelques instants… Est-ce que nous voulons être amis avec Jésus ? (Aux premiers communiants) Vous voulez être amis avec Jésus ? Oui ? Oui ? Oui ?… ON a de la chance ! (A tous) Et vous, vous voulez être amis avec Jésus ? C’est ça le cœur…
Parce qu’un ami, un ami, qu’est-ce que c’est ? Réfléchissons. Qu’est-ce que c’est qu’un ami ? Est-ce que c’est quelqu’un qu’on vient voir une fois de temps en temps ? Une fois par an, à Noël ? Puis de temps en temps parce que parfois dans nos familles on enterre des gens ou on a le baptême d’un voisin ? Ou est-ce que c’est quelqu’un avec qui on essaie de tisser une relation de chaque jour ? (aux enfants) Qu’est-ce que tu en penses ?… Tous les jours ? C’est mieux si l’on veut être ami ! Oui. Parfois, la vie fait que l’on peut s’éloigner un peu. Mais dans ces cas-là, si on s’éloigne, on téléphone. Ou on se connecte par facebook ou je ne sais… De fait, si nous voulons être amis, et que cela soit quelque chose de vrai, il nous faut établir une relation.
Et cette relation, eh bien…, du côté de Dieu, elle est là. En fait Dieu, vous savez, on dit qu’Il est amour… (aux enfants) vous le saviez cela ? « Dieu est Amour ». Ça veut dire qu’Il est en relation, essentiellement. Il ne sait pas faire autre chose que d’être en relation. Il ne sait pas faire autre chose que de vouloir notre joie et notre bonheur. C’est une
bonne nouvelle ! Et en fait, si nous voulons que cette relation soit établie, réelle, eh bien il nous faut répondre. Vous voulez répondre ? Jésus nous dit : ‘veux-tu être mon ami ?‘ Est-ce que vous voulez répondre à ça ? Oui ? Vous voulez répondre oui aussi ? ‘Je veux bien être ton ami’. Ben ça, ça dépend de nous. Alors comme c’est un petit peu difficile pour nous, Dieu ne nous abandonne pas. On le voit là. Ses deux disciples, ils avaient aussi répondu : ‘oui, je veux être ton ami’. Mais quand il y a eu des soucis, quand il y a eu des problèmes, ils se sont dits : « ben c’est foutu ! Donc on peut repartir ».
Et c’est là que Jésus est revenu à leur rencontre. Il leur a couru après ! ‘Mais je veux que tu sois quand même mon ami, malgré les difficultés, malgré les problèmes’. Ce n’est pas parce qu’on rencontre des événements douloureux, difficiles dans nos vies, que l’on ne peut pas rester amis ; Si on coupe tous les ponts chaque fois que l’on a un problème, on va vite se retrouver tout seul. Et donc Jésus vient nous courir après. ‘Sois mon ami’. Alors on lui dit : ‘oui, mais Seigneur, je ne comprends pas, dans ma vie, il y a pleins de problèmes…‘. Alors là, Jésus, il nous engueule un peu : « esprits sans intelligence » – il y avait une autre traduction qui dit : ‘esprits stupides’ –, c’est nous ça ! Est-ce qu’on est stupide ? Un petit peu, parfois
Il fallait que le Christ traverse ces événements de la Passion, de la mort et de la résurrection. Ce n’est pas du masochisme. Ces événements, Il ne les a pas choisis, créés. Non, ces événements, Il les a accueillis pour en faire un acte d’Amour. Ça c’était le 2è temps, cette liturgie de la Parole, ou Jésus nous pose la question : « veux-tu être mon ami ? ».
III – Le temps de l’Eucharistie
Et voilà que, puisque l’on essaie de Lui répondre un peu oui, mais que l’on y arrive pas bien, mais : « Jésus, reste avec nous ! ». Et voilà que Jésus s’arrête chez nous. Et qu’est-ce qu’Il fait ? Eh bien, Il va rompre le pain et le donner aux disciples. C’est ce qu’on appelle ‘la fraction du pain’ pendant les premiers siècles. Mais c’est aussi ce que l’on appelle l’Eucharistie. C’est ça ! En fait Jésus, à ce moment-là, Il célèbre la première messe après sa Résurrection. Il y a eu la première messe le Jeudi Saint, la Cène, et puis première messe après la résurrection, eh bien c’est ce soir… Ce soir de Pâques. « Il prend le pain, Il le bénit, Il le rompt, Il le donne à ses disciples » en disant : « ceci est mon corps ». Et c’est étonnant parce qu’à ce moment-là, Jésus disparaît aux yeux des disciples d’Emmaüs. En fait, à partir du moment où Jésus a été reconnu, a été reçu ; à partir du moment où Jésus a habité dans le cœur des disciples, bah… on avait plus besoin de le voir. Et on est dans le même état que les disciples d’Emmaüs : Jésus est mort et ressuscité, et Il est monté au ciel. Et on ne le voit plus avec nos yeux. Ben, je crois… Moi, je ne le vois plus avec mes
yeux. Et du coup, il nous faut faire un acte de foi, un acte de confiance dans cette Parole : « ceci est mon corps, ceci est mon sang ; Je suis présent au milieu de vous ». Alors on va me dire : ‘ouais, mais c’est au-delà du raisonnable, c’est pas rationnel, c’est trop compliqué !‘.
Alors, oui, oui, c’est trop compliqué pour nous, mais pour Dieu ? Vous savez, il y a un mot savant pour dire cette réalité. Le petit morceau de pain de tout à l’heure, il va devenir le corps du Christ ; le petit peu de vin, il va devenir le sang du Christ. Et ce mot… vous savez ce que c’est ? Trans… Transsubstantiation. Transsubstantiation, c’est presque l’un des mots les plus longs de la langue française. C’est très compliqué : transsubstantiation… Transfiguration, c’est quand ça change de figure. Donc c’est l’extérieur qui change mais l’intérieur reste le même. Et transsubstantiation, c’est quand ça ne change pas de forme, mais que l’intérieur change. Donc c’était du pain, ça ressemble toujours à du pain, mais c’est plus du pain. C’est le corps de Jésus. Transsubstantiation, c’est un mot compliqué, surtout pour nous faire comprendre que… on n’y comprend rien. Mais on sait que Jésus se donne. On sait que Jésus vient nous visiter et qu’Il veut nous remplir de son Amour.
IV – L’envoi
Et vous avez vu ce qui se passe pour les disciples d’Emmaüs ? Ils sont plein de joie, ils se disent : ‘mais, est-ce que
l’on ne s’en était pas rendu compte avant ? Est-ce que déjà notre cœur, quand on a entendu sa Parole, est-ce que déjà notre cœur n’était pas plein d’Amour ? Il faut qu’on aille le dire aux autres !‘ Et ils repartent en courant. Jusqu’à Jérusalem. Et là, lorsqu’ils arrivent les autres leurs disent : ‘bah… on l’a déjà vu !’, « Il est apparu à Simon-Pierre ». Et ils disent : « bah nous aussi on l’a vu ! ». Nous aussi. Et on sait qu’Il est présent au milieu de nous.
Conclusion : la petite souris
Je vais conclure en reparlant un tout petit peu de cette eucharistie que nous allons recevoir.
J’ai une petite parabole que je reprends régulièrement. C’est la parabole de « la petite souris ». Est-ce qu’il y en a qui s’en rappelle ? C’était au XIIe siècle, on avait de grandes discussions pour savoir ce qu’était vraiment l’Eucharistie, ce qu’était vraiment le corps et le sang du Christ. Et la question c’était : « mais, admettons, on fait une bêtise… après la communion, il y a une hostie consacrée, – le corps du Christ –, qu’on laisse tomber par terre et il y a une petite souris qui arrive et qui grignote cette hostie. La question, c’est : est-ce qu’elle mange le corps du Christ ? »…
C’est une bonne question, hein ? Est-ce que la souris, lorsqu’elle mange une hostie consacrée, sur laquelle on a dit cette parole de Jésus ‘ceci est mon corps’, est-ce qu’elle mange le corps du Christ ?
Et la réponse est oui. Elle mange le corps du Christ. Parce que le corps du Christ, c’est quelque chose d’objectif. Ce n’est pas notre vision qui change la réalité de ce que c’est.
Et d’ailleurs, c’est, petit aparté, lorsque pendant la messe, après avoir consacré le corps, lorsque je gare les doigts serrés, c’est pour dire ça : ‘j’ai touché le corps du Christ’. C’est tellement important qu’il faut que je ne touche rien d’autre que le corps du Christ. Et je vais desserrer les doigts après la Communion, lorsque je me rincerai les doigts. Voilà.
C’est objectif ! ça ne dépend pas de moi, c’est cette parole que je dis, eh bien ça fait que le corps du Christ est présent. Donc la petite souris, elle mange le corps du Christ. Elle grignote le corps du Christ !
Et la deuxième question, c’est : est-ce que le petite souris communie ? (silence, puis aux enfants) Elle communie, vous pensez ? Non. Elle ne communie pas. Parce que pour communier, il faut vouloir être ami du Christ.
Alors ce que je vous souhaite, tous, nous tous ; c’est que lorsque l’on vient communier le dimanche, – ou les autres jours de la semaine, on peut aussi ! –, on ne soit pas des petites souris, qu’on ne grignote pas le corps du Christ, mais vraiment, que chaque fois qu’on communie, on veuille être son ami. Et donc du coup, vraiment, on sera uni à Lui. Vraiment, on pourra dire : « j’ai communié ». Vous savez parfois, il y a une expression qui dit : « aujourd’hui je suis allé à la messe et j’ai pris l’hostie ». Mais non. Je n’ai pas pris l’hostie… Ben, si j’ai fait ça, j’étais une petite souris. C’est dommage quand même ! On est des vraies personnes ! On est capable d’être ami avec Jésus. Il faudrait peut-être passer au stade au-dessus. On prend l’hostie ? Euh… ben, non ! On va communier.
(aux premiers communiants) D’accord ? Vous essaierez d’y penser ! Chaque fois qu’on communie, on peut se dire, avant de partir, lorsque le prêtre dit « heureux les invités au repas du Seigneur » ; on peut se dire : ‘Seigneur, aujourd’hui, donne-moi la chance, ou la grâce, ou la force de ne pas grignoter ton corps, de ne pas prendre l’hostie, mais de vraiment… communier’.