(Il s’agit d’une retranscription, c’est pourquoi le style reste oral).
En ce 2è dimanche de carême, l’Eglise nous fait entendre le récit de la transfiguration. Transfiguration : c’est un mot qui n’est pas dans notre vocabulaire ordinaire et donc parfois, on ne sait pas bien le situer. Mais j’ai trouvé dans la publicité quelque chose qui peut aider à le comprendre. Il y a des programmes qui vous proposent, par exemple de perdre du poids, ou bien pour le bodybuilding, de gagner des muscles énormes, – comme ça ! -. Alors on vous dit : ‘voilà comment vous êtes avant ! Et puis, voilà comment vous êtes après !’. L’image que l’on recherche…
Ce qui est intéressant dans cet exemple, c’est que c’est la même personne, la personne qui désire l’image des muscles gonflés ou du poids que l’on a perdu… Cette personne est déjà dans la première personne avant l’exercice. Jésus, quand il vivait avec ses disciples, se promenait. Ils vivaient ensembles. Ses disciples percevaient bien qu’il y avait en lui quelque chose de spécial, mais ils ne savaient pas très bien comment le définir. Il y avait quelque chose d’extraordinaire, de divin ; une espèce de lumière, mais ils n’en avaient pas de certitudes. Ils auront la certitude que Jésus est vraiment Dieu après la résurrection.
Lors de cet épisode de la transfiguration, Jésus ouvre un pont de cette grande lumière qui est en Lui, de cette vie intérieure qui est en Lui, de cette vie de la résurrection qui est en Lui. Et ses disciples comprennent que ce mystère de Jésus-Christ, il est la révélation de Dieu auprès des hommes.
Cette révélation du Dieu unique, qui a commencé avec Abraham, -dont nous avons entendu le récit de la première rencontre avec Dieu, dans la première lecture-. Abraham, c’est le père des croyants, de tous ceux qui croient en un seul Dieu. Dieu s’est révélé, s’est approché de l’Homme pour le lui faire savoir… Autrement, on resterait à fabriquer nos idoles, comme il y en avait beaucoup. Les idoles qu’Abraham adorait, il les a connues, -comme d’autres peuples alentours et d’autres peuples encore aujourd’hui et qui peuvent penser qu’il y a des divinités dans le soleil, dans la foudre, dans la mer qui gronde, ou dans les fétiches-. Dieu unique s’est révélé à Abraham. Et dans le récit de la transfiguration, nous avons aussi deux grandes figures, qui confirment cette révélation de Dieu aux hommes. Moïse, qui lui aussi, quand il est monté sur le mont Sinaï, où Dieu s’est manifesté à lui et lui a communiqué l’Alliance, la Loi. Quand il est revenu, il avait un visage qui brillait tellement que les gens ont dit : ‘ooooh’. Le contact avec Dieu l’a changé, l’a transformé. Et les prophètes, après lui, continueront à expliquer encore cette proximité de Dieu avec les hommes. Dieu s’est révélé aux hommes pour leur dire que malgré tout ce qu’ils peuvent vivre, Il est avec eux. Il est à côté d’eux. Il les accompagne. Il veut qu’ils changent. Voilà la grande révélation que Jésus-Christ est venu parachever.
Et dans ce récit de la transfiguration, Jésus fait éclater toute la lumière de sa divinité. Déjà il avait dit : ‘je suis la lumière du monde’ et il leur montre maintenant qu’il est la lumière du monde. Sa face, ses vêtements brillent comme le soleil. Mais Jésus ne fait pas du spectacle. Pourquoi il fait cela ? C’est pas pour venir se faire acclamer. Il veut que nous aussi, par la foi, nous partagions le même héritage. Que nous ayons aussi en nous cette lumière de vie éternelle.
Et c’est par le baptême que nous devenons, nous aussi, co-héritiers, avec le Christ ; nous devenons frères et sœurs par adoption et nous recevons en nous cette semence de vie éternelle. A la fin de la messe, nous aurons le privilège d’accueillir un enfant que nous allons baptiser et d’accueillir, justement, cette semence de vie éternelle, semer en lui cette alliance avec Dieu pour qu’il devienne frère de Jésus-Christ, héritier de Jésus-Christ.
Saint Paul dit que, lors du baptême, nous revêtons le Christ. C’est comme si nous portions un deuxième vêtement. Et ce vêtement, il est intérieur, il est spirituel. Devenez un homme nouveau… Vous revêtez le Christ. Cet habit intérieur est tout en lumière. Et comme pour Jésus quand il marchait avec ses apôtres sur les chemins de Jérusalem, de la Judée, de la Samarie, on ne voyait en Lui qu’un homme, sans savoir qu’en Lui, il y avait une dimension divine qui éclate justement lors de cette transfiguration. Chaque chrétien a dans cet habit du Christ, qu’il revêt, cette dimension de vie éternelle en lui. Si je prends encore une image, l’habit intérieur, c’est l’habit plein de lumière de vie éternelle, et l’habit extérieur que nous avons, disons, c’est… -celui-là est très opaque (il montre son aube) -, c’est un habit qui a des mailles plus ou moins serrées, qui peuvent laisser transparaître la lumière à l’intérieur. Quand Jésus nous dit : ‘vous aussi, vous êtes la lumière du monde’, c’est une invitation pour nous à faire briller cet être intérieur, de sorte que les mailles de notre habit extérieur ne l’empêche pas de transparaître. Et cette vie intérieure, elle est alimentée par la Parole de Dieu. C’est une fiche ça : branchée à la Parole de Dieu. ‘Celui-ci est mon fils, écoutez-le’, dit le Père.
Et donc en ce temps de carême, je comprends que nous sommes invités, à faire briller davantage cet être intérieur pour que nous puissions être lumière. Que cette lumière puisse transparaître, à travers nos gestes, nos préoccupations, nos engagements. Et je vois cela comme un interrupteur. Vous avez des interrupteurs, vous allumez, ça s’allume et vous éteignez, ça s’éteint, avec la même intensité. Mais il y a des interrupteurs qui sont plutôt des curseurs. Vous pouvez l’allumer, avec une petite intensité ou augmenter l’intensité, de sorte qu’il y ait plus de lumière et plus de puissance. Ce temps de carême, c’est jouer avec cet interrupteur à curseur. En poussant le plus loin possible, -et c’est un effort, parce que généralement, cet interrupteur-là, il est un peu rouillé, on l’utilise peu et il faut beaucoup de force pour pousser pour qu’il brille davantage. Le carême, c’est ça. C’est prier davantage cet être intérieur, que nous sommes devenus par le baptême, pour que les mailles de notre habit humain n’empêche par sa lumière de briller. De briller tellement fort, qu’on ne voit plus les mailles, mais seulement la lumière. ‘Vous êtes la lumière du monde’.
Mais pour briller davantage, il faut rester branché sur la Parole de Dieu. ‘Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le« . Dimanche passé, nous avons entendu le récit de la tentation, où Jésus-Christ, chaque fois il a été en butte à la tentation, il s’est servi de la Parole de Dieu. La Parole de Dieu. Si nous voulons aussi briller et faire briller notre vie chrétienne en ce temps de carême, nous avons a beaucoup écouter la Parole de Dieu, pas seulement pour le plaisir de l’écouter, mais pour en vivre intensément.
Nous allons prier maintenant les uns pour les autres, pour que pendant ce temps de carême, notre être intérieur, notre vie chrétienne puissent justement briller, comme le Christ ; par nos gestes, par nos paroles, par tout notre être; que nous puissions être les témoins de ce Dieu qui nous invite à vivre avec Lui ce temps de grâce de façon exceptionnelle.