Homélie du 8e dimanche du TO, Année A, 26 février 2017
Par le père Bertrand Badji
« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent ».
Dans un contexte de crise et d’incertitude économique financière, voilà une affirmation de Jésus bien connue qui risque d’agacer, d’indisposer de nombreux croyants :
-les riches parce qu’ils se sentent visés, agressés alors que leurs richesses leur occasionnent souvent bien des tracas.
-les pauvres parce que cet argent dont ils manquent parfois dramatiquement, leur apparaît hautement nécessaire.
L’argent n’est pas mauvais en soi. Il est plus qu’utile. Il convient donc de lui donner sa véritable place : être au service de l’homme, et non ailleurs. Mais nous ne sommes pas sans ignorer comment l’argent parvient à perturber le cœur de l’homme. Personnifié, il prend son véritable nom de maître redoutable « Mammon ». Il asservit l’homme qui fait de lui une idole. Au lieu d’être un merveilleux serviteur, l’argent est devenu par la force des choses un mauvais maître.
Aujourd’hui comment faire comprendre à un riche que l’argent peut le conduire à l’orgueil, à sa ruine ? Comment faire dire à un pauvre de ne pas se soucier de la richesse, alors qu’il ne peut pas assurer la survie de sa famille par manque de moyens ?
D’abord, retenons que Jésus n’a jamais qu’il ne faut pas être, mais plutôt d’être honnête et de mettre l’argent à la place qu’il faut : au service de l’homme en général. Pour cela Jésus livre un enseignement qui aide à faire les bons choix. Il en définit les priorités dans la vie de l’homme. D’une part la confiance en Dieu et de l’autre le besoin d’amasser et la peur du lendemain qui trahissent un attachement malsain aux biens matériels.
L’accent décisif est mis sur le maître que nous choisissons : Dieu ou l’argent, la nourriture, le vêtement. Ce qui demeure ou ce qui disparaît. Celui qui libère ou ce qui asservit. Et il tire la conclusion nous demandant de ne pas nous tourmenter pour ce qui est certes nécessaire sans pour autant être prioritaire. Celui qui met sa confiance en Dieu peut garder le cœur en paix, car il sait que Dieu pourvoit à ses véritables besoins. Dieu aime les siens comme une mère son petit enfant et même davantage. En réponse à cet amour, Jésus demande une confiance et un désintéressement qu’il oppose avec force à la cupidité et à l’inquiétude de ceux qui se confient d’abord à leurs richesses.
La force de la Parole de Dieu de ce jour réside en ces mots : « Ne vous souciez pas » …vous valez beaucoup plus que les oiseaux dont s’occupe le Père…si Dieu donne un magnifique vêtement à l’herbe, il vous en vêtira davantage. La priorité des priorités « cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout vous sera donné par surcroît ». La richesse ne consiste pas à posséder, mais à surtout donner. Notre vraie, notre seule richesse est dans la charité sincère qui est au fond de notre cœur. N’ayons pas peur de manquer du nécessaire argent, ayons plutôt peur de manquer de l’indispensable amour envers Dieu et le prochain.