Par le père Séraphin Kiosi
En cette journée mondiale des malades, je voudrais, avant de commenter l’évangile, jeter un regard sur la place que les malades occupaient dans la vie de Jésus-Christ. Jésus faisait un accueil généreux et bienveillant aux malades et sans conditions. En ce temps-là, plus que maintenant, mais même maintenant, il y a certaines maladies qui sont stigmatisantes. La lèpre, par exemple, n’était pas juste une maladie. C’était plus qu’une maladie, c’était même une impureté. La guérison de la lèpre se disait comme purification: il a été purifié. Et donc, les gens bien-portants, sain(t)s, -saints avec t et sains sans t -, se devaient de ne pas approcher des lépreux. Mais Jésus, Lui, est allé au-devant même de ceux-là pour leur apporter la guérison. Alors pour celui qui est stigmatisé comme cela, sa guérison physique, c’est plus qu’une guérison physique. Parce qu’il réintègre la communauté, -en fait c’est une renaissance -, il redevient membre d’une communauté dont il était exclus. Jésus montre ainsi la miséricorde de Dieu, jusqu’au plus rejeté, surtout par la maladie. Et dans son enseignement, Il nous a dit : ‘j’étais malade, vous êtes venus me visiter’. Il dit aussi : ‘vous n’êtes pas venu me visiter’. Il s’identifie donc Lui-même au malade. Alors, le service évangélique des malades dans nos communautés, veut être justement ce regard de Jésus-Christ, cette oreille de Jésus-Christ qui entend le malade crier, cette main et ce cœur qui vont consoler, apporter la chaleur à ceux qui sont malades. C’est la place des malades dans la vie de Jésus-Christ.
Mais nous pouvons aussi nous poser la question : quelle est la place des malades dans notre vie, dans notre vie comme chrétien ?. C’est là où nous rejoignons l’évangile pour dire que nous avons à suivre ce que Jésus nous recommande, ce que Jésus nous dit et nous donne comme exemple. L’évangile reprend à plusieurs reprises : ‘vous avez entendu, il vous a été dit. Mais Moi, je vous dis’. Et donc en tant que chrétien, nous avons justement à régler, moduler nos décisions sur le modèle de Jésus-Christ, sur la Parole de Jésus-Christ. L’Ancien Testament, la Loi de Moïse, les Commandements et les prescriptions de la Tradition ont certainement apporté beaucoup dans, -j’allais dire l’évangélisation ; c’était pas encore l’évangélisation -, l’humanisation de l’homme. Notamment sur le point de la justice, sur lequel les prophètes ont beaucoup donné et sur le point de la fraternité. Ce qui est très étrange, très étrange, ou très étranger à moi, doit me faire peur. Mais les prophètes ont dit : ‘on peut essayer d’être frère, même avec celui qui est loin, pourvu qu’il suive un peu la Parole de Dieu’. Mais Jésus-Christ veut nous emmener plus loin que cela. Si la Loi a dit par exemple, ‘tu ne tueras pas’. Ok ! Jésus dit ‘Ok, c’est très bien, mais il ne suffit pas de ne pas tuer, il faut enlever dans son cœur ce qui conduit à ce meurtre. Donc, il ne faut pas s’emporter. Ne te mets pas en colère contre ton frère’. Et Il va plus loin encore en invitant au pardon et à la réconciliation: ‘Ne rendez pas le mal pour le mal, mais priez pour ceux qui vous font du mal. Réconciliez-vous avec eux’. Et donc c’est vers plus d’amour, plus de compassion vers l’autre, qu’Il nous invite.
Et toute prescription doit être vue à l’aune de la charité, de l’Amour. Si on s’arrête à ce qui est écrit, aux prescriptions, -il y en avait… il y en a encore beaucoup dans notre Eglise -, mais si on s’arrête à les appliquer sans âmes, sans ce qu’elles portent comme valeur ; notamment de l’Amour, de la fraternité… cela ne sert pas beaucoup. En ce moment-là, nous ne suivons pas vraiment l’exemple de Jésus-Christ qui nous invite à aller toujours plus loin. ‘Tu ne commettras pas d’adultères’, par exemple. Il nous invite à nous interdire même d’y penser. Et plus loin encore, Il nous invite à éduquer notre regard à la pureté. Voyez ? Donc les prescriptions, c’est très bon. Il y en a. Il faut les donner. Nous avons à les connaître ; mais les vivre, c’est à l’exemple du Christ qui nous invite à les vivre toujours à l’aune de l’Amour. L’Amour de Dieu, et l’Amour du prochain. Et du prochain qu’il nous est donné de voir particulièrement, auquel il nous est donné particulièrement de penser aujourd’hui, celui qui souffre: le malade.
Les malades, ils ne sont pas toujours avec nous et peut-être ne voulons nous pas toujours les avoir avec nous. Ils dérangent. Ils mettent un peu mal à l’aise, car ils renvoient à notre propre fragilité. Nous ne voulons pas nous voir comme ça, dans le frère ou dans la sœur qui souffre. Et pourtant, Jésus nous dit : ‘c’est dans celui-là, quand nous allons le visiter, que vous me rencontrez’. Non seulement nous allons prier pour eux, nous allons aussi, peut-être donner un coup de main, de notre temps et aider ce service évangélique des malades de nos communautés à identifier, à savoir où ils peuvent aller porter ce regard, cette chaleur humaine que nous leur devons au nom de notre foi.
Prions donc les uns pour les autres, pour que notre regard, nos actions, nos décisions se prennent en référence à la Parole de Jésus, mais aussi à sa vie, à son exemple.