Par le père Bertrand Badji
Les textes bibliques de ce dimanche nous adressent un appel à partager et à donner le meilleur de nous-mêmes. Dans la première lecture, Isaïe s’adresse aux habitants de la Judée. Il leur fait comprendre qu’aux yeux de Dieu, le plus important, c’est que nous nous aimions les uns les autres. Cela ne sert à rien de chercher Dieu si nous ne faisons pas disparaître de chez nous les gestes accusateurs et les paroles malfaisantes, des paroles qui ne construisent pas. Cela ne sert à rien de chercher Dieu si nous sommes incapables de venir en aide à celui qui est dans le besoin ou qui a besoin simplement de notre attention ou de notre écoute.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous parle de l’amour de Dieu qui va même jusqu’à la mort sur la croix pour nous. Et cela parfois nous semble incompréhensible. C’est pourquoi, il nous demande de faire attention car nous vivons dans une société qui préfère la sagesse humaine et les beaux discours. Pour Saint Paul, il ne faut pas se laisse pas déprimer. Il ne faut pas, non plus, chercher pas à convaincre par des ruses ou par l’éloquence de notre parole. Il faut plutôt annoncer cet amour avec humilité. Et en même temps, il faut faire confiance à l’Esprit Saint qui agit avec puissance au cœur de ceux qui nous écoutent.
Quant à l’Évangile de ce dimanche, il fait suite à celui des béatitudes qui a été proclamé dimanche dernier. Jésus s’adresse à des disciples rassemblés autour de lui et il leur dit : « Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde. » Quand saint Matthieu écrit son Évangile, il s’adresse à des chrétiens qui sont peut-être trop tièdes et trop éteints. Beaucoup ont peur et se cachent car ils redoutent la persécution. L’évangéliste vient leur rappeler qu’ils ne doivent pas garder cette étincelle pour eux seuls. Il nous faut absolument partager notre découverte, témoigner de notre foi. Le don reçu provoque à la mission, tant personnellement que communautairement. C’est là tout l’enjeu d’une Église « en sortie » dont nous parle le pape François.
Le sel et la lumière n’existent pas pour eux-mêmes mais pour le service qu’on leur demande. Quand Jésus nous dit que nous sommes le sel de la terre et la lumière du monde, ce qui est important c’est la terre et le monde. Cela signifie qu’il nous met tous en situation missionnaire. Notre présence est indispensable, mais nous ne devons pas oublier que l’Église n’existe que pour le monde. Nous, disciples du Christ, nous sommes au service du monde.
Aujourd’hui, nous nous plaignons souvent de la baisse du nombre de pratiquants. Nous nous lamentons du fait que nos églises se vident. L’Évangile de ce jour voudrait nous inviter à réviser nos critères. Nous ne devons pas voir en termes de quantité mais de qualité. Quand nous préparons un plat de lentilles, nous mettons une petite quantité de sel par rapport aux lentilles. Jésus nous dit que nous sommes le sel, pas les lentilles. Il aimerait que nous nous concentrions sur notre capacité à donner de la saveur au monde. Et donc c’est à chacun de se demander, est ce que dans ma vie de chrétiens j’ai été sel et lumière pour mon entourage ? Qu’est ce que je fais pour qu’il y ait plus de saveur dans le monde ? Nous ne sommes pas des saints mais avec un cœur nous pouvons mettre de la saveur dans notre monde. Il suffit d’avoir de la volonté et de mettre notre confiance dans le Seigneur.
Et aussi n’oublions pas qu’en tant que sel de la terre, nous sommes envoyés pour révéler aux hommes la saveur de leur vie. Ils ne nous attendent pas pour avoir des gestes de partage très beaux. Nous en avons chaque jour de magnifiques illustrations. Nous pensons aussi à tous ceux et celles qui se dévouent sans bruit au service des autres. Notre rôle est de révéler le nom de Celui qui agit à travers eux. Dieu est présent partout où il y a de l’amour.
Cependant, il y a un danger que nous devons éviter. Trop de sel dénature les aliments et les rend immangeables. Une lumière trop vive aveugle ceux et celles qu’elle veut éclairer. Elle peut provoquer des catastrophes. C’est pourquoi pour être sel et lumière, il faut d’abord aimer. Comment témoigner de l’amour si je n’aime pas. C’est indispensable. L’évangélisation n’est pas une conquête mais une annonce de la Bonne Nouvelle. Et surtout, n’oublions pas le plus important : Jésus. C’est avec lui que nous pourrons être sel et lumière. Sans lui, rien n’est possible. Alors puisse la lumière du Seigneur briller dans nos vies pour que tous les jours, nos gestes et nos paroles apportent au monde une saveur d’Évangile.