par le père Séraphin Kiosi
« Qu’ils soient un », priait Jésus peu avant sa passion. « Soyez un », vous dirai-je, comme la meilleure chose que je puisse vous souhaiter. « Soyons un », vais-je nous dire à nous-mêmes. « Sois un », c’est à l’adresse de toute personne. Plus qu’autre chose, le premier mois de l’année me fait surtout penser à la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, réponse à la prière du Seigneur: « Qu’ils soient un » (Jn 17, 21). S’il faut sacrifier à la bonne tradition de formuler des vœux pour ses frères et sœurs, c’est ce vrai chemin vers la paix et un bonheur profond que j’indiquerai ; parce que finalement, bien au fond de chacun personne, tout le monde sait qu’il y aura, dans cette année comme dans les autres, la bonne santé et la maladie, la joie et son ombre la tristesse, la vie et aussi malheureusement la mort, etc. Alors, pourquoi l’unité vient-t-elle au haut de mes souhaits ?
Au niveau d’un individu, il n’y a rien de plus important à faire que l’unification de sa personne, c’est-à-dire atteindre un niveau de cohérence où les convictions affirmées sont aussi celles qui sont vécues au concret. Il existe, en effet, chez tout homme, cette ambivalence dont st Paul faisait déjà état dans sa lettre aux Romains : « Je ne comprends rien à ce que je fais : ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais…. Moi qui veux faire le bien, je constate donc cette loi : c’est le mal qui est à ma portée…. Je découvre une loi qui combat contre la loi que ratifie mon intelligence » (Rm 7,15.21.23a). La maturité humaine et l’intégrité (=fait d’être entier, non partagé) se vérifient dans cet équilibre entre sa pensée et son agir, entre l’être intérieur et son extérieur. Le progrès spirituel, par exemple, consiste dans l’unification de sa vie entre ses professions de foi et le vécu de cette foi. Cet équilibre, jamais réalisé complètement, est source de paix, de vrai bonheur. À l’opposé, ce manque d’unité intérieure, quand il est grand et permanent, constitue une souffrance et une source de tourments pour l’individu comme pour son entourage. Cela peut même devenir un cas psychiatrique de schizophrénie.
Ce besoin nécessaire de cohérence, d’intégrité, d’unité ou d’authenticité, le Christ l’a affirmé à plusieurs reprises et de plusieurs façons: l’insistance à mettre en pratique la parole entendue ; le oui qui doit être oui et le non non, etc. La paix, la joie et le vrai bonheur en découlent limpidement. Autrement, c’est encore st Paul qui le dit le mieux: « Malheureux homme que je suis ! »
Ce qui est dit au niveau de l’individu peut se transposer, mutatis mutandis, aisément à une communauté, à un couple, à une famille, à une nation, à l’Église. Les fêtes de fin d’année, occasions favorables aux réunions des membres des familles, ont certainement fait sentir à ceux dont l’unité familiale est en lambeaux combien cette valeur est précieuse et source de joie. Au contraire, les familles qui ont vécu ces rassemblements dans l’entente parfaite sont reparties avec la soif et la promesse de revivre encore ces moments de pur amour gratuit. La prière du Christ pour eux tous est la même : » Qu’ils soient un ».
Durant la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, tous les chrétiens se feront le devoir pieux de prier pour l’unité. Sinon, cela reste au niveau des incantations : il faudrait faire l’examen de la différence qu’il y a entre ces affirmations de bonne volonté et la réalité vécue. Bien sûr, beaucoup dépend de ce que l’on attend et sous-entend par unité des chrétiens. Cette unité n’est pas à confondre avec l’uniformité, ni dans l’expression de la foi, ni dans celle de la charité, ni dans celle de l’espérance ; mais elle ne devrait pas non plus manquer de foi, de charité ni d’espérance.
Cette nouvelle année 2017 est pour la France une année électorale, avec les présidentielles en perspective. Comme la politique politicienne a la magie de la division, que les chrétiens, eux, à la suite de l’appel des évêques sur le bien-fondé de la politique et du politique pour la cohésion sociale, soient des artisans de l’unité entre les partisans de tous bords.
Qu’ils soient un ! Soyons un ! Soyez un ! Sois un ! Que je sois un ! C’est le meilleur vœu à tous et à chacun, dans le saint cœur du Seigneur Jésus.
Père KIOSI Séraphin
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