Par l’abbé Gaël de Breuvand
(Les titres sont ajoutés après retranscription, le style reste donc très oral).
I – la Parole de Dieu poursuit sa course
Lorsque le prophète Isaïe vient rencontrer Acaz, tout ne va pas bien pour Acaz. Il est roi de Jérusalem. C’est un petit royaume. Au Nord comme au Sud, il a de grands ennemis et au Nord à ce moment il y en a deux : Samarie et Damas qui viennent assiéger Jérusalem. Non seulement il y a ces contraintes extérieures, mais en plus, le Royaume n’a pas d’héritier. Donc c’est un peu le désespoir… alors le Seigneur par la voix d’Isaïe s’approche d’Acaz et lui dit : ‘demande-moi quelque chose, un signe. N’importe quoi. Que cela vienne du fond des enfers jusqu’aux sommets là-haut’. Donc Acaz est invité à tout demander. Et Acaz répond : ‘non, je ne demanderai pas parce que je ne tenterai pas le Seigneur mon Dieu’. Alors effectivement, Acaz cite la Bible. Il fait la même chose que Satan pendant les tentations du Christ. Il cite la bible, mais c’est pour s’opposer à la volonté de Dieu. Alors Isaïe s’exclame : ‘ne vous suffit-il pas de fatiguer les hommes ? Il faut aussi que vous fatiguiez mon Dieu ?’ Alors Dieu décide de donner un signe. Comme signe, ce sera qu’une jeune femme, une jeune épousée, va avoir un bébé. Vous me direz, ce n’est pas tellement étonnant comme signe. Mais quand on voit le contexte, c’est justement la jeune femme qui vient d’être épousée par le roi Acaz, c’est justement l’héritier qu’on attend qui va venir. Ce signe-là s’accomplit. Le roi qui va naître s’appellera Ezéchias. Il sera d’ailleurs un bon roi.
Et on aurait pu oublier cette prophétie. La jeune fille est enceinte, elle accouchera, elle aura un enfant et cet enfant sera signe de la présence de Dieu parmi son peuple. Emmanuel, Dieu avec nous. Cela aurait pu s’arrêter là, et en 729, on aurait pu oublier cette prophétie.
Et ce n’est pas ce qui se passe. Au cours des âges, on va relire ce texte, on va le méditer et la Parole de Dieu qui a été donnée en 731 poursuit sa course et, dans la prière, les Juifs vont la recevoir d’une manière un peu différente. Peu à peu, ils vont comprendre que cette prophétie, cette parole de Dieu a une portée plus lointaine et qu’elle s’applique au vrai roi qu’on attend, qu’elle s’applique au Messie. Et d’ailleurs, ce terme ‘jeune fille’ qu’on trouve dans le texte hébreu lorsque l’on va le comprendre et le prier, peu à peu, on va lui faire changer son sens. Légèrement ! Et lorsque l’on va le traduire en grec, on le traduira par ‘vierge’. Nous sommes alors en 300 avant Jésus-Christ. Et lorsque bien des siècles encore plus tard, Jésus vient au monde, saint Matthieu et saint Luc témoigneront de cette naissance d’un fils, d’un signe de la présence de Dieu, Emmanuel, comme conçu et né d’une vierge.
La Parole de Dieu poursuit sa course.
II- Joseph, le Juste
Cette parole de Dieu poursuit sa course dans le cœur de Joseph, aussi.
C’est l’évangile que nous avons entendu. Joseph était un homme juste. Et lui, il est pas au courant de ce qui se passe pour Marie. Il est juste parce qu’il est ajusté à la volonté de Dieu. Il écoute cette Parole. Il écoute ce que veut Dieu pour lui. Alors il l’écoute en ouvrant sa Bible, en ouvrant les rouleaux de la Torah et il l’écoute aussi au plus profond de son cœur et il accepte de changer sa vie pour cela. C’est ça être juste, être ajusté à la volonté de Dieu. Donc, Joseph est un homme juste et il voit et connaît Marie, qui est la toute pure, sans péché. Je pense que pour ses voisins, si elle n’était pas exceptionnelle, elle était quand même remarquable. C’est sûr qu’on ne voyait pas d’auréoles autour de Marie, elle ne brillait pas dans le noir, mais elle était quand même connue pour être particulièrement douce, particulièrement bonne, particulièrement généreuse… je ne sais… discrète. Et Joseph la voit enceinte et il sait bien que ce n’est pas grâce à lui. Et il se doute bien que Marie n’a pas pu tomber dans les grands péchés. Donc il se dit : ‘là, il y a quelque chose de plus grand que moi. Peut-être que Dieu est intervenu. Ce n’est donc peut-être pas ma place que de me faire passer pour le père de cet enfant’. Et il se recule. C’est pour cela qu’il ne veut pas la dénoncer publiquement. En fait il ne veut pas dévoiler cette affaire en public : c’est le secret du roi, c’est le secret de Dieu.
C’est là que Dieu intervient et lui donne cette mission étonnante : d’être le père adoptif, nourricier, de ce messie qui vient. ‘Ne crains pas. Cet enfant est œuvre de l’action de Dieu, œuvre de l’Esprit Saint. Accueille chez toi Marie et tu nommeras cet enfant. Tu seras son père. Tu le nommeras Jésus, c’est-à-dire le Seigneur sauve’. Il sera le signe que Dieu habite au milieu de son peuple. Là encore, comme signe… Vous verrez un signe diront les anges aux mages… Un petit bébé couché dans une crèche. Là encore, un signe tout discret, tout humble. Ce n’est pas une grande explosion, c’est juste l’accomplissement de la volonté de Dieu à travers nos vies. A travers la vie de Marie, à travers la vie de Joseph. Et Joseph, toujours ajusté à cette volonté de Dieu, réalise la mission que Dieu lui a confiée.
C’est cela la vraie humilité. La vraie humilité implique de ne pas se mettre en avant, mais aussi de faire ce pour quoi on est appelé.
Alors cette parole, elle a été prononcée une fois, elle poursuit sa course. Est-ce qu’elle s’arrête pour autant avec Jésus ? Si je vous pose la question, vous vous doutez que non. Cette parole, elle s’accomplit encore pour nous. Elle s’applique encore à nous. Et lorsque l’on entend : ‘la jeune fille est enceinte, elle enfantera un fils qu’elle appellera Emmanuel…’. Mystérieusement, cela s’applique à nous, chacun de nous. Nous aussi, nous sommes appelés à être, alors symboliquement, des cœurs vierges, purs, prêts à accueillir le Seigneur, à le porter dans nos vies, de telle sorte à ce que Dieu soit effectivement avec nous, dans notre monde.
III – appelé, et envoyé, pour annoncer
C’est ce que nous explique saint Paul dans cette lettre aux Romains. On est tout au début de la lettre aux Romains. Saint Paul ne connaît pas les Romains. Il est encore jamais allé à Rome et il leur écrit : ‘Paul, serviteur du Christ Jésus, appelé par Lui à être apôtre, mis à part pour l’Evangile de Dieu’. C’est tout du passif. Il n’a rien décidé. Il a été appelé, il a été mis à part, il a été fait serviteur. Est-ce qu’il l’a mérité ? Non. Non, il ne l’a pas mérité. Mais il l’a reçu. Et cette appel qu’il a reçu, cet Amour de Dieu qui est entré dans sa vie comme par effraction, le pousse, le pousse à proclamer la Bonne nouvelle de Dieu, à proclamer l’Évangile, qui concerne le Christ Jésus. Ce messie qui avait été annoncé par les prophètes depuis bien longtemps, qui est venu au monde à Noël, autour de l’An 1, en l’An 750 de Rome et qui aujourd’hui encore, nous sommes en train de l’attendre pour qu’Il soit présent en nous et qu’Il vienne dans la gloire. Nous avons reçu cette mission, nous tous Chrétiens : baptisés, confirmés… Nous avons reçu cette mission de témoigner du Christ, d’être des Christs, des Chrétiens, d’être comme Marie, porteurs de Dieu en nous, pour la joie et le bonheur de tous ceux qui sont autour de nous.
Saint Paul rappelle que nous avons reçu par Lui grâce et mission d’apôtre afin d’amener à l’obéissance, à l’écoute de la foi, toutes les nations païennes. C’est notre mission. Et là aujourd’hui, nous sommes 300, il y en a 11 700 qui sont dehors et qui n’ont jamais entendu parler du Christ, en tout cas de manière suffisamment intéressante pour qu’ils soient attirés. Ce n’est pas nous qui les convertirons, ce sera bien Dieu. Mais Dieu a choisi d’avoir besoin de nous. C’est cela l’humilité de Dieu. Alors nous sommes tous appelés à être saints, c’est-à-dire comme Dieu, à rayonner de son amour. Et alors, pleinement, c’est à ce moment que nous pourrons servir véritablement le Seigneur pour sa gloire et le Salut du monde.