(Les titres sont ajoutés après relecture, le style reste donc très oral).
Les Saintes Écritures : Pour nous instruire et nous donner l’Espérance
« Tout ce qui a été écrit à l’avance dans l’Écriture Sainte, l’a été pour nous instruire ». Saint-Paul, qui parle aux Romains, parle bien évidemment de ce petit livre qui fait 2000 pages, qu’on appelle de la Bible. Tout ce qui est rapporté dans ce livre est là pour nous instruire et pour nous apporter l’espérance. Alors, un livre ? Avoir ce pouvoir ? Évidemment nous le savons, ce livre rapporte, nous révèle la parole de Dieu. Cela nous scandalise un peu, parce que dans ce livre, il y a des passages qui ne sont pas très drôles ou pas très édifiants.
Ces jours-ci et depuis le début de l’année avec le petit groupe des veuves de la paroisse, on est en train de lire les histoires des femmes dans la Bible. Il y en a un paquet… Et ce n’est pas très édifiant, on va dire cela comme ça. Et pourtant, elles font partie de l’arbre généalogique de Jésus.
Évidemment, notre texte, notre Bible, ce recueil, n’est pas à prendre au pied de la lettre en permanence. C’est le récit de la relation entre Dieu et l’homme. Et dans cette relation entre Dieu et l’homme, il y a des moments où tout se passe bien, où c’est exemplaire et où il nous faut prendre le texte à la lettre. Et il y a des moments où ce n’est pas le cas, des moments où ce n’est pas du tout exemplaire… Le récit de David qui prend la femme de son général par exemple, on ne va peut-être pas l’imiter tout de suite… et puis même jamais d’ailleurs.
J’y pense aujourd’hui par ce que nous avons la joie de recevoir ceux qui se préparent au mariage. Ils sont invités à découvrir aujourd’hui que l’histoire qui nous est rapportée dans l’Écriture Sainte, c’est une histoire d’Alliance. Une alliance entre Dieu et chacun de nous, entre Dieu et le peuple, entre ceux qui sont choisis, le peuple d’Israël, le peuple de l’Ancien testament, le peuple des chrétiens, le peuple de tout ceux qui acceptent d’entrer en relation avec Lui. Et donc, il va s’agir de découvrir que cette alliance entre Dieu et nous, eh bien… Elle ressemble à l’alliance que vous allez tisser entre vous.
Le Roi : au service de son peuple, étendard pour les nations
Le premier texte que l’on a entendu, c’était Isaïe. C’est un texte que l’on connaît. Il a inspiré de nombreux auteurs. Il a inspiré aussi nombres de peintres et décorateurs, « un rameau sortira de la souche de Jessé ». Jessé, c’est le père du roi David. Il est le père de tous ceux qui vont régner sur Israël. Et on sait, cette prophétie l’annonce, qu’il y aura un roi qui fera vraiment son métier de roi, c’est-à-dire se mettre au service de son peuple. Et l’expérience de 2000 ans d’histoire des Hébreux, c’est que ce roi-là, nous l’attendons toujours.
Alors Isaïe nous a dit : ‘ce fils de Jessé, ce descendant de David, il vient’. Il vient. Il nous est présenté d’abord : « sur lui reposera l’esprit du seigneur ». Il aura « l’esprit de sagesse, l’esprit de conseil et de force, de connaissance et de crainte du Seigneur » et il aura la piété, la juste relation entre le Père et lui. Il sera juste. Ce roi-là, nous le savons, c’est Jésus. Mais Jésus ne va pas se présenter comme un roi à la manière humaine. Un roi à la manière humaine, soit il prend le pouvoir, soit il le reçoit à la naissance. Lorsque Jésus naît, c’est dans une étable entre deux animaux, d’un papa et d’une maman un peu isolés, et les premiers à venir le voir ce sont des gens pas très recommandables… Ce sont des bergers. A l’époque…, des personnes considérées comme pas très recommandables. Son trône, plus tard, ce sera la Croix, entre deux bandits.
Effectivement, ce n’est pas la manière tout à fait humaine de voir la royauté. Et pourtant cette royauté-là va entraîner – sous une forme poétique le prophète nous le raconte – que le loup habitera avec l’agneau, le guépard se couchera près du chevreau, le veau et le lion se coucheront ensembles. C’est une image de paix. C’est bien pour cela que le Christ Jésus est le roi de la paix et que ce loup et cet agneau, avant d’être des animaux qui ne nous concernent pas beaucoup, c’est nous !
Et nous avons à décider d’accueillir Jésus dans nos vies pour pouvoir être cet agneau et ce loup qui vivent ensembles et qui font le choix de la paix. Ce choix-là n’est possible que par l’amour, que si nous le décidons, si nous prenons en main notre vie. Car si nous nous laissons aller, c’est toujours la solution de facilité qui vient.
Si nous choisissons de nous laisser aimer et d’aimer à notre tour, si nous choisissons de nous laisser aimer par Dieu, eh bien… nous sommes son « étendard ». Nous sommes donc le Christ. Finalement quand nous serons plantés, là, en terre, là où nous sommes, les autres pourront nous regarder et dire : ‘oui, c’est cela une belle vie’. ‘Ça vaut peut-être le coup’, et ce ne sera en aucun cas un motif d’orgueil pour nous car nous, on sait bien qu’on n’y arrive pas tout seul. C’est ce à quoi chaque chrétien est appelé et c’est d’une façon toute particulière.
Cela est vrai pour chaque couple, pour chaque marié : être – non pas un modèle -, mais un foyer. Vous voyez, le foyer, c’est ce coin dans la cheminée qui tient chaud… Qui tient chaud à tous ceux qui sont autour. Et les mariés, votre mission c’est d’être les foyers auprès duquel les autres puissent se réchauffer, que ce soit vos enfants, vos amis, puis tous ceux qui passent.
Alors cette mission-là, elle est belle, elle est grande. Accueillir cette parole de Dieu qui nous est utile, qui fait grandir en nous l’espérance, c’était le premier point. Accueillir le roi, c’est ce mettre à son image, devenir comme lui un témoin de l’Amour de Dieu…
Accueillir le Salut et produire un fruit de conversion
Et puis, il nous faut accueillir le Salut, il nous faut accueillir le Christ qui vient et saint Jean-Baptiste, dans l’Évangile, il nous secoue un peu et nous dit : ‘réveillez-vous, réveillez-vous car le Seigneur vient’. Il dit cela face aux pharisiens qui sont comme nous des bons chrétiens, ils suivent la Loi, ils l’écoutent, ils veulent la mettre en œuvre mais finalement, ils sont installés dans une forme de confort. Et Jean-Baptiste les secoue en leur disant : ‘prenez des moyens pour produire du fruit. Produire du bon fruit !’.
Alors comment faire ? La première chose… il le dit, c’est de laisser le Seigneur venir. Le Seigneur veut venir dans nos cœurs et il veut faire le tri en nous, entre ce qui est bon et ce qui n’est pas bon. Le Seigneur vient dans son « aire à battre le blé ». Son « aire à battre le blé », c’est notre cœur et il veut battre le blé. Il va séparer la paille qui est en nous, ce qui n’est pas selon son projet d’Amour et puis il veut garder le grain précieusement, pour que ce qui est en nous corresponde à ce qui est en Lui. Il nous débarrasse finalement de ce qui nous encombre et nous empêche d’aimer véritablement.
Le Seigneur nous sauve, ce n’est pas nous qui nous sauvons nous-mêmes
Et pour conclure, hier je célébrais des funérailles. La défunte est morte après quatre années de maladie d’Alzheimer, maladie pénible pour elle au début et pour ses enfants surtout à la fin. Sa fille a remarqué que jusqu’au dernier jour, elle connaissait par cœur ses prières et les disait souvent. Sa fille lui dit : ‘maman, tu as tout oublié. Parfois, tu ne sais même plus qui on est et tu te souviens encore de tes prières ?’ Et la maman a répondu, probablement dans un dernier instant de lucidité, Elle a répondu : ‘tu sais, comment pourrais-je oublier Dieu ? Parce que, lui, Dieu, il ne m’oublie pas’.
Abbé Gaël de Breuvand